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Association Kwata

Notre Histoire

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2014 - 2023

2014 - Faune et routes, création du Réseau Échouages, les zones d'eau libre des Salines...

Dans le cadre du développement des infrastructures routières, l’association est sollicitée pour quantifier l’impact accidentogène du réseau routier sur la faune. Pour cela, des inventaires réguliers sont mis en place, pour obtenir des données précises sur les espèces les plus touchées, et les environnements immédiats de routes qui favorisent ces accidents ou au contraire les réduisent. En parallèle, est mis en place un “Observatoire de la mortalité routière”, développé avec la base de données participative et partagée www.faune-guyane.fr. Cet Observatoire permet alors à tout usager des routes de Guyane d’informer d’une collision, d’un animal mort sur la route. Il aura pour vocation à perdurer à la suite de cette étude, lancée pour deux ans. L’objectif final sera de proposer des préconisations techniques pour les futurs ouvrages, à la fois pour en limiter les risques sur la faune, et pour préserver et favoriser les continuités écologiques de part et d’autre des aménagements routiers.

Le travail de suivi des échouages des mammifères marins et des tortues se faisait depuis des années par les acteurs de terrain. Mais sous l’impulsion de la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL), le Réseau des Échouages de Guyane est fondé, formalisé,  par une dizaine de structures déjà impliquées dans l’étude et/ou la protection de l’environnement. Le REG devient alors le correspondant officiel du Réseau National Échouage. En octobre, l’ensemble des membres du REG suit une formation, pour pouvoir intervenir de manière adaptée sur l’ensemble des échouages de mammifères marins en Guyane, et être en mesure de réaliser les prélèvements adéquats, en accord avec les exigences réglementaires nationales.

En 2014 aux Salines, un travail de fond a permis d’évaluer et de caractériser la fermeture des zones lacustres. Des images aériennes historiques, de 1950 à 2013, sont comparées. Elles montrent que la fermeture des zones d’eau s’est principalement produite à la fin des années 90 et au début des années 2000, lors d’assèchements successifs du site. Cette fermeture résulte de plusieurs facteurs dont la création en 1992 du canal central, qui a conduit au cloisonnement des zones d’eau libre, accélérant les assèchements qui ont à leur tour permis la prolifération du palétuvier gris.

Le livre sur les rongeurs et marsupiaux de Guyane est publié en 2014. Fruit d’un long travail de ces espèces discrètes, difficiles à étudier, à inventorier, à identifier, ce livre fait un point complet sur ces deux groupes, qui regroupent plus de la moitié des mammifères non volants de Guyane.

Livre - Marsupiaux et rongeurs de Guyane

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2015 - Savane Roche Annabelle, podocnémides, équipe ''tortues'' à Awala...

En 2015, de nouveaux enjeux sont explorés, de nouveaux projets mis en œuvre. La mission d’inventaire des petits mammifères de la Savane roche Annabelle, avec l’Institut Pasteur, l’université de Montpellier, des chercheurs brésiliens de l’Amapa et de Manaus, est un point fort de la saison sèche. La savane roche est encore alors très peu fréquentée, l’accès est difficile, mais les bateaux montent, un laboratoire de terrain est installé sur le site, un camp est construit pour abriter une dizaine de personnes pendant trois semaines. La biodiversité des rongeurs et marsupiaux est particulièrement importante, inattendue, avec l’observation de certaines espèces rares.

Le volet “espèces menacées” intègre une nouvelle espèce cible, la podocnémide de Cayenne. Cette espèce, restreinte à l’Est de la Guyane, est menacée par le braconnage essentiellement. Les projets d’aménagement des fleuves pourraient aussi modifier durablement les habitats, détruire les sites de pontes. Les podocnémides vont ainsi compléter le travail sur les loutres géantes, avec désormais une seconde espèce indicatrice de la qualité des cours d’eau. Des premiers inventaires, la recherche des sites de pontes, sont mis en place sur la rivière Comté et le fleuve Approuague.

Un nouveau programme se structure autour de la biodiversité dite “commune” : le programme Nature de nos Villes va permettre de travailler sur les enjeux liés à l’articulation entre les développements urbains et la préservation de la biodiversité autour de Cayenne. Des inventaires sont entrepris sur les reptiles, les amphibiens, les poissons, dans de nombreuses zones humides et cours d’eau. En parallèle, des projets pédagogiques sont montés avec plusieurs écoles, et un travail de médiation environnementale est initié. En partenariat avec l’équipe de la réserve naturelle, des pièges photographiques sont mis pour la première fois en place sur le mont Grand Matoury et les savanes alentours. Ils dévoilent une forte diversité de félins, qui continuera d’être suivie ensuite par la Réserve.

Sur les plages, le travail se poursuit à Cayenne et Rémire, mais le point marquant de l’année 2015 aura été le problème d’insécurité sur les plages, avec des agressions répétées sur les équipes, et sur les visiteurs. Au regard de cette situation particulièrement préoccupante, l’association a dû cesser en juillet, en pleine période touristique, toutes ses activités d’accueil du public sur la plage, et un peu plus tard a cessé le travail d’étude sur les tortues pour cette saison de ponte. La nouveauté plus optimiste est à l’ouest : une équipe d’animation et de sensibilisation aux tortues est désormais en place à Awala Yalimapo, pour apporter un soutien à l’équipe de réserve naturelle de l’Amana : pendant toute la saison, la plage sera arpentée, et les touristes informés des bons gestes pour une observation respectueuse.

2016 - La Liste Rouge régionale des espèces menacées, la collection JAGUARS, mission à Trois Sauts...

Un chantier collectif important de l’année 2016 est le début du travail sur la première « Liste rouge régionale des espèces menacées ». Oiseaux, mammifères, reptiles, amphibiens, vont faire l’objet pendant deux ans d’une évaluation précise de l’état des populations, des tendances, des menaces. L’association Kwata a plus spécifiquement en charge les mammifères « non volants », c’est-à-dire à l’exclusion des chauves-souris. Cette évaluation conduira à identifier la loutre géante, parmi les mammifères les plus menacés, la loutre géante, le petit marsupial des savanes Cryptonanus, le tapir, la biche des palétuviers et le rat des marais.

La collection est aussi le support pour un travail de médiation scientifique autour des connaissance et perceptions du public sur le rôle des collections biologiques et les enjeux autour de la notion de l’accès et partages de avantages liés aux ressources génétiques.

La collection JAGUARS devient le support de deux projets. Le premier est un projet de recherche, applicable à la conservation. La définition des zones de fortes biodiversités s’appuie sur plusieurs approches.  Certaines privilégient la diversité des espèces, l’abondance de certaines d’entre elles comme les disséminateurs ou les prédateurs, la présence d’espèces dites « déterminantes »‘,  »irremplaçables ». La diversité forestière, la biomasse, la structure de la canopée, sont aussi des approches possibles. La diversité génétique des populations, ou « diversité intraspécifique », qui permet la résilience des espèces, qui conditionne leur capacité d’adaptation aux changements, n’est en revanche que très peu considérée, alors qu’elle peut être le garant du futur des espèces. Le programme INDIGEN, pendant 3 ans, va explorer la manière dont les différentes approches et la diversité génétique se superposent et peuvent se compléter.

Côté plages et programme tortues marines, à l’Est les activités nocturnes (accueil du public, suivi des tortues) se remettent en pace après les vagues d’insécurité de 2015. La coordination du Plan National d’Actions lance en Guyane la première « journée des tortues marines », qui réunit tous les acteurs, dans un grand moment collectif dédié à la sensibilisation du public, des scolaires.

Sur le terrain, après la savane roche Annabelle l’année précédente, une session d’inventaires est mise en place avec un chercheur de Montpellier, sur le haut de l’Oyapock, dans le village de Trois Sauts. Le suivi des tortues podocnémides se poursuit, avec le développement d’un projet pédagogique à Régina, et la réalisation d’un petit conte par les élèves de l’école.

La coordination du Réseau Échouages de Guyane est prise en charge par l’association Kwata, pour 4 ans. Un important travail de communication est mis en place.

2017 - Le projet TRAMES, mission Taluhen, merci les bénévoles !...

L’année 2017 est celle du lancement d’un grand projet structurant, en partenariat avec le GEPOG. Le projet TRAMES ( »Territoires, Réseaux, Aménagement, Milieux, Environnement, Sociétés ») va pendant quatre ans s’attacher à travailler sur l’importance des connections écologiques et des zones de préservation de la nature sur les communes du centre littoral. Il comprendra 3 axes majeurs. Un premier sera dédié à apporter des connaissances sur la biodiversité, avec un effort particulier porté sur les zones d’importance écologique identifiées sur les documents de stratégie territoriale (Schéma d’Aménagement Régional, Plans Locaux d’Urbanisme). Le deuxième axe s’attachera aux approches participatives, à la communication, et la valorisation, afin de promouvoir l’appropriation par les habitants de ces zones d’intérêt. Le troisième sera d’apporter les éléments concrets facilitant les orientations et les choix des décideurs quant aux devenirs de ces zones. 

Dans la poursuite des activités de la collection JAGUARS, l’association accompagne en 2017 une mission de l’Institut Pasteur de la Guyane à Taluhen, sur le haut du Maroni. L’objectif est d’échanger avec les habitants sur les ressources biologiques : que font les chercheurs ? Pourquoi ont-ils besoin de faire de prélèvements de faune, de flore ? Comment sont perçus ces travaux sur les territoires ?

Sur les plages en 2017, un gros coup de projecteur est fait sur les bénévoles « tortues marines », pour leur engagement depuis 15 ans : l’équipe est récompensée par la Fondation Nicolas Hulot pour son implication !  Et la Collectivité Territoriale de Guyane s’engage pour les animations estivales, de nombreuses nouvelles activités sont proposées sur les plages, à l’Est comme sur les plages d’Awala Yalimapo.

Côté rivières, le suivi des podocnémides continue, avec des missions sur l’Orapu, la Comté, l’Approuague jusqu’au Saut Grand Canori : les variations saisonnières des abondances, les distributions spatiales le long des rivières, commencent à être bien connues. La Liste rouge régionale, initiée en 2016, est publiée, elle identifie la podocnémide comme une espèce menacée, auprès d’une autre tortue aquatique non marine, la peltocéphale d’Amazonie.

En 2017, parmi les pressions sur la biodiversité, une attention est portée sur une autre menace, peu considérée encore : les espèces exotiques envahissantes. Moins fragile que les îles, connues comme étant très sensibles à cette pression, la Guyane n’en demeure pas moins exposée. L’association Kwata a en charge la synthèse des risques présentés par certaines espèces animales, comme certains poissons, reptiles ou escargots qui pourraient menacer la biodiversité locale.

2018 - Prise massive de tortues dans un filet, fin de 18 ans de marquage des tortues marines, contamination plastique...

Sur les plages, l’année 2018 marque la fin du programme de marquage des tortues par puce électronique, initié en 2001. 18 ans de suivi des tortues luth, cela représente plus de 35 800 observations individuelles, correspondant à 9739 femelles différentes, avec en record : une tortue vue 35 fois, lors de 6 saisons de ponte, en 2003, 2007, 2010 2012, 2014, 2018. Et 7 tortues ont été vues lors de 7 saisons !
Les tortues olivâtres ont fait l’objet de ce même effort pendant 18 ans, avec 21 283 observations, 9282 tortues identifiées, et un record de 13 observations de la même femelle. Et un record de longévité, deux femelles sont venues lors de 9 saisons. Toutes ces données vont être, pendant des années, étudiées plus en détail.

Quant au volet « menaces », un travail est lancé sur la contamination par le plastique sur les animaux marins, jamais étudiée encore en Guyane. Le contenu digestif d’une trentaine de tortues et dauphins, collectés dans le cadre du Réseau Échouages, est scruté à la loupe à la recherche des particules de plastique : 4 tortues vertes avaient des morceaux visibles, identifiés comme du polypropylène, du polyéthylène, du polystyrène. 

En mer, un incident va être l’élément déclencheur d’un important travail collaboratif avec les pêcheurs professionnels. Le 24 juin, 32 tortues olivâtres sont prises dans un filet au large de Rémire. Grâce à des interventions conjointes de plusieurs bateaux, pratiquement toutes seront libérées vivantes. Une réflexion collective est alors lancée pour trouver des solutions afin de préserver ces zones de rassemblement des tortues olivâtres avant les périodes de ponte.

Le projet TRAMES se met en place, avec un important travail de mise en place des partenariats et de communication, de synthèse des données de terrain et l’identification des besoins d’inventaires, et le lancement des premiers projets pédagogiques.

Sur le terrain, une mission est organisée avec le Parc Amazonien sur la rivière Waki, en amont du Maroni, afin de former les agents aux suivis loutres et tapirs. Le travail est compliqué par les eaux basses, empêchant d’atteindre la zone amont indemne d’activités d’extractions illégales d’or. La zone prospectée est de ce fait assez pauvre du fait de la sur-fréquentation par les orpailleurs, mais l’étiage permet des observations archéologiques intéressantes.

2019 - Médiation scientifique à Taluen, mission Yaloupi, crique Anguille...

Loutres et tapirs : dans la poursuite de la formation des agents du Parc Amazonien aux comptages, c’est en 2019 au tour de la délégation territoriale de l’Oyapock de travailler avec l’association, après celle de Maripasoula en 2018. Un inventaire est mené sur la rivière Yaloupi, en amont de Camopi. La première partie de cette rivière semble très fréquentée, avec très peu d’indices de grandes espèces chassées. En revanche, les loutres géantes et communes sont bien présentes, aucune trace de turbidité liée à des activités d’orpaillage n’est observée.

Le suivi des podocnémides est fait pour la première fois sur le fleuve Oyapock, avec quatre missions, entre Ouanary et Camopi. Les sites de pontes sont recensés, beaucoup sont pillés. Une halte sur les berges brésiliennes permet de voir des actions de préservation très interventionnistes de la part des autorités, en dépit de moyens très précaires, avec la mise en sécurité des nids pour les soustraire au braconnage.

Dans la suite de la première intervention à Taluen en 2018 pour échanger sur les collections, un projet dédié est construit. Il entend se poser en facilitateur de médiation, de communication, de sensibilisation, sur les questions de connaissances et d’utilisations de la biodiversité. Il a pour objectif d’accompagner les chercheurs à réaliser des retours adaptés et bien perçus vers les populations, afin qu’ils répondent tout autant à leurs attentes et souhaits qu’aux seules exigences administratives. Lors de quatre missions successives, chefs coutumiers, habitants, agents du Parc Amazonien, scientifiques, sont rencontrés pour recueillir des avis et suggestions. La thématique proposée par tous ces acteurs est celle des poissons, dans leurs diversités, leurs usages, leurs habitats, leur écologie. Des idées sont lancées pour mieux travailler aux partages des savoirs traditionnels et académiques : accompagnement des chercheurs sur le terrain, possibilités d’un aquarium pédagogique, outils et modalités de restitution des études, cartographie en 3 dimensions des zones de pêche…
Le projet est bien lancé, mais se heurtera comme beaucoup d’autres à la crise sanitaire de 2020 et ses conséquences notamment sur le haut Maroni, avec le décès de l’un des chefs :
il sera prématurément interrompu.

A Matoury, au lotissement Crique Anguille, c’est l’inauguration des passages pour la faune, et des activités pédagogiques associées. Le travail de terrain du projet TRAMES bat son plein, ainsi que les animations pour le scolaire, le grand public : l’idée est de faire découvrir au plus grand nombre la richesse des milieux naturels en périphérie des zones urbaines : crique Mortium à Matoury, crique Fouillée…

Côté évènementiel, L’association participe, entre autres, au Salon du Tourisme, à la Fête de la Science, et surtout à la première édition du festival Alternayana, éco-festival des alternatives locales, qui met en valeur les initiatives de particuliers, associations, entreprises, établissements publics, qui vont dans le sens de la transition sociale et écologique.

2020 - Les tortues au temps du COVID, la gestion de Vidal, des interactions sous contraintes...

La saison de pontes 2020 est évidemment toute particulière et très calme. Des présences fantomatiques sur les plages, des promeneurs avec un chien comme seul motif d’autorisation de sortie, des ombres en déplacements furtifs qui bravent les interdictions, l’impossibilité de mettre en place des activités d’accueil du public en début de saison, la fermeture de la plage de Yalimapo. Les équipes maintiennent le comptage, gardent un œil sur les menaces, et l’équipe de sensibilisation s’adapte aux horaires changeants des couvre-feux successifs. Cette année 2020 se caractérise par une activité de pontes de tortues luths historiquement basse, avec 160 pontes. L’obligation de fermeture des établissements recevant du public, bars, restaurants, réduit nécessairement les intensités lumineuses en arrière-plage : un nombre de désorientations de émergences extrêmement bas est observé.

Le point fort de l’année est la signature de la convention avec le Conservatoire du littoral pour la gestion du site de Vidal Mondélice. Après les Salines, l’association développe ses compétences dans la gestion d’espaces naturels, avec désormais près de 500 hectares de zones humides, forêts, mangroves sous sa responsabilité. Le plan de gestion, qui servira de feuille de route pour les années à venir, identifie 6 axes prioritaires : la consolidation des vestiges et leur entretien, le traitement de l’interface avec l’écoquartier, l’acquisition de connaissances sur la biodiversité, la mise en œuvre de projets de mise en valeur du site, l’éducation, la sensibilisation et la communication, et le suivi, la veille, la surveillance et l’encadrement des activités et usages.

Le projet TRAMES se poursuit, mais doit lui aussi s’adapter aux contraintes sanitaires : les lettres d’information sont mises en place, les activités pédagogiques sont relayées sur les réseaux. La seconde partie de l’année permet -temporairement- une reprise des activités extérieures et les évènements publics : la Fête de la Nature est organisée sur le site de Vidal.
Sur le terrain, 10 ans après le programme SPECIES, l’association se lance dans la réactualisation des inventaires de loutres et tapirs. La rivière Ekini sur l’Approuague, prospectée pendant des années à la fin des années 2000, est la première candidate à ce travail. Le COVID, la diminution de la présence des forces de l’ordre sur les rivières, auront eu rapidement des effets sur la fréquentation de la forêt…jamais d’orpaillage n’avait été observé sur ce site, c’est chose faite en 2020.

2021 - Les tortues au temps du COVID, la gestion de Vidal, des interactions sous contraintes...

Cette année est encore placée sous le signe du COVID, avec des changements récurrents de droits et des interdictions, des activités mises en place, reportées, annulées, programmées de nouveau … Une année difficile, la nécessaire relance des activités, des demandes de financements, des salariés au chômage, une trésorerie compliquée.

De belles avancées sont toutefois à retenir. Sur le volet « Gestion des sites naturels » tout d’abord, deux projets sont lancés : les projets Itulu malo (« la forêt ensemble ») à Vidal et Tuna malo (« l’eau ensemble ») aux Salines : il s’agissait de comprendre les usages, les attentes des usagers, leurs perceptions de sites, leur compréhension de la gestion. La finalité de ce gros travail d’enquête auprès d’un large spectre de parties prenantes était d’avoir des outils pour aider les prises de décisions quant aux orientations des sites, pour identifier de possibles conflits d’usages, pour contribuer à ce que les sites s’ancrent vraiment sur le territoire.

Un autre point est la signature, en toute fin d’année, de la convention de cogestion avec la commune de Macouria d’un nouveau site du Conservatoire du Littoral : la Pointe Liberté. Ce sont 82 hectares de plages, mangroves, forets, zones humides, pour lesquels il va falloir définir un projet de connaissance, de valorisation et de protection.

Du côté de la sensibilisation et éducation à l’environnement, une nouvelle étape s’ouvre aussi : la mise en place de deux Aires Terrestres Éducatives, sur la commune de Rémire-Montjoly, avec des classes des écoles Jules Minidoque et Reeberg Néron. Il s’agira de travailler, toute une année scolaire, sur un espace naturel, de le décrire, le comprendre, de mettre en œuvre une réflexion au sujet de sa préservation.

L’association est sollicitée pour un projet original : la volonté spontanée d’une entreprise privée de contribuer à la préservation de la biodiversité en périphérie de Rémire Montjoly, avec l’installation d’un « passage à faune ». Le site est identifié, un pont installé, utilisé en quelques jours par les saïmiris : un petit geste, un rapprochement pas si commun entre une entreprise et une association, et des effets positifs immédiats ! Un autre partenariat est mis en place, avec Guyane Automobile : un véhicule est mis à disposition, et l’association pour sa part participe à des ateliers de sensibilisation aux déchets industriel, aux recyclages, aux économies d’énergie, et propose des sorties de découverte des sites naturels.

Sur te terrain, les réactualisations des inventaires de lamantins se poursuivent, avec des inventaires à Coswine, sur la Mana, la Kourouai, l’Approuague. Les loutres et tapirs ne sont pas en reste, avec des suivis repris sur le Kourou.

2022 - Relance des activités avec le public, aménagement des sites, suivi des espèces aquatiques

Après deux ans de restriction, les évènements à destination du grand public reprennent. L’association est présente notamment pour la Fête de la nature à Vidal, au festival Alternayana, aux Ecogames, à la Fête du Nautisme, à la Fête de la mer et des littoraux, au Cayenne Beach Festival, aux Green Days. 

Sur les sites, de nombreuses activités reprennent aussi. Sur les aménagements tout d’abord, à Pointe Liberté, un accès à la plage est mis en place ; aux Salines les deux passerelles sont complètement rénovées ; sur le nouveau secteur de Tigamy, un chantier d’ouverture de sentier pédagogique est mis en place avec la Régie de quartier de Matoury. A Tigamy, l’actualité est aussi la “mare compensatoire”, qui doit, à terme, constituer une nouvelle zone de reproduction pour des grenouilles dont l’habitat a été détruit par l’extension du Grand Port Maritime. Les premiers guides sur la faune des sites sont publiés, avec un choix assumé d’un format uniquement dématérialisé, téléchargeable en plusieurs points des sentiers des Salines et de Vidal.

Sur le site de Vidal, les suivis participatifs sont mis en place, dans la suite du projet Itulu malo qui touche à sa fin : il s’agit de mettre en place, de manière collective et partagée, des inventaires simples sur la grande faune, sur l’ermite nain.  

Petit guide illustré de la faune des Salines de Montjoly

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Petit guide illustré de la faune de l'habitation Vidal-Tigamy

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Petit guide illustré de la faune de Pointe Liberté

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La saison “tortues” est marquée par une forte recrudescence des attaques des chiens. 15 tortues olivâtres sont retrouvées mortes, pire chiffre depuis 2017. Face à l’urgence, des actions conjointes sont relancées par l’ensemble des acteurs, rappelant à tous que rien n’est finalement acquis, et qu’aucune pression de sensibilisation et de surveillance ne doit être relâchée. Une initiative positive tout de même cette année-là : la municipalité de Rémire s’engage vers des lampadaires moins impactants pour les tortues, sur les routes qui arrivent à la plage.

Côté faune forestière, le suivi des tortues podocnémides reprend avec le Parc Amazonien, pour un inventaire des individus et des sites de pontes entre Camopi et Trois Sauts. Cette mission est aussi l’occasion de prolonger la prospection au-dessus du village de Trois Sauts, à la recherche d’indices de loutres, tapirs, tortues.
Plus au nord, le suivi des loutres est fait sur la crique Couy, et les rivières Comté, et Arataye. La très mauvaise surprise est l’état catastrophique de la crique Couy, totalement dévastée et vide toute vie.
La réactualisation des inventaires de lamantins se poursuit aussi, avec du travail sur les estuaires de la rivière de Cayenne, des fleuves Kourou, Sinnamary, Mana, Approuague.

Pour finir, Kwata est approchée par HISA, une association qui travaille sur la limitation des interactions entre les grands prédateurs et le bétail, conséquences du développement agricole en Guyane. L’objectif est d’évaluer les interactions avec la faune domestique, et de contribuer à développer la communication sur ces sujets très sensibles, témoins d’un territoire en pleine mutation.

2023 - Trentième année d'activité de l'association ! L'écloserie Kawana, Tigamy, les lamantins

À Awala, un nouveau projet, un nouvel élan sur la plage en faveur d’une population de tortues luth à l’agonie : l’écloserie naturelle Kawana. L’objectif est de préserver les rares nids de tortues, soumis aux chiens, au braconnage, à l’érosion, pour augmenter les taux de survie des émergences, qui pourront à terme participer à la survie de l’espèce. Il s’agira de délocaliser et de mettre en sécurité les nids dans un secteur protégé de la plage, avec en parallèle un travail d’information, de sensibilisation, aux enjeux de préservation de la biodiversité marine. Dès le mois d’avril, une équipe est formée, opérationnelle pour déplacer les premiers nids, et en mai, l’écloserie est inaugurée par M. Berville, alors ministre de la Mer.

Plus à l’Est, le volet « sites naturels » est marqué par une importante extension du site de Vidal, du fait de nouvelles acquisitions foncières du Conservatoire du Littoral. Des inventaires sont mis en place, et l’habitation Tigamy, perdue au milieu des marais, est retrouvée ! A Vidal, le projet « Aux Arbres, Citoyens ! » permet de pérenniser les suivis participatifs, et d’organiser des sorties sur l’histoire du site, les plantes à usage médicinal traditionnel, …

Les activités publiques et pédagogiques sont nombreuses, Journées des espaces naturels, Salon du tourisme, nombreuses animations sur la plage, fresque à l’entrée de la plage de Zéphir dans le cadre du Cayenne Beach Festival. Le suivi des tortues marines en est à sa 25ème année !

La collection JAGUARS, qui s’agrandit, est à un tournant.  Le laboratoire mis à disposition à l’Institut Pasteur est totalement réorganisé, les espaces de travail repensés, afin d’avoir à la fois de meilleures conditions de stockage, et de pouvoir accueillir des équipes de recherche. Un important chantier de numérisation de tous les spécimens est lancé : il vise à rendre la collection accessible à tous, scientifiques comme porteurs de projets pédagogiques, par la mise à disposition des scans en 3D.

Les suivis faune sont marqués, après 3 ans, par la fin du travail de réactualisation des abondances de lamantins. 12 estuaires auront été passés plusieurs fois au crible fin du sonar, 770 km ont été parcourus, 200h d’observations faites, et les chiffres finaux ne sont pas encourageants : une baisse globale de 20% de l’abondance est mesurée. Pêches ? Baisse de la qualité des eaux et des habitats d’estuaire ? Aucune hypothèse n’est à ce stade privilégiée. Quant aux espèces fluviatiles, une nouvelle mission sur le haut Oyapock est organisée avec le Parc Amazonien, pour un retour sur les sites de ponte de podocnémides.