Notre Histoire
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2014 - 2024
2014 - Faune et routes, création du Réseau Échouages, la fermeture des Salines...
Dans le cadre du développement des infrastructures routières, l’association est sollicitée pour quantifier l’impact accidentogène du réseau routier sur la faune. Pour cela, des inventaires réguliers sont mis en place, pour obtenir des données précises sur les espèces les plus touchées, et les environnements immédiats de routes qui favorisent ces accidents ou au contraire les réduisent. En parallèle, est mis en place un “Observatoire de la mortalité routière”, développé avec la base de données participative et partagée www.faune-guyane.fr. Cet Observatoire permet alors à tout usager des routes de Guyane d’informer d’une collision, d’un animal mort sur la route. Il aura pour vocation à perdurer à la suite de cette étude, lancée pour deux ans. L’objectif final sera de proposer des préconisations techniques pour les futurs ouvrages, à la fois pour en limiter les risques sur la faune, et pour préserver et favoriser les continuités écologiques de part et d’autre des aménagements routiers.
Le travail de suivi des échouages des mammifères marins et des tortues se faisait depuis des années par les acteurs de terrain. Mais sous l’impulsion de la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL), le Réseau des Échouages de Guyane est formalisé, fondé, par une dizaine de structures déjà impliquées dans l’étude et/ou la protection de l’environnement. Le REG devient alors le correspondant officiel du Réseau National Échouage. En octobre, l’ensemble des membres du REG suit une formation, pour pouvoir intervenir de manière adaptée sur l’ensemble des échouages de mammifères marins en Guyane, et être en mesure de réaliser les prélèvements adéquats, en accord avec les exigences réglementaires nationales.
En 2014 aux Salines, un travail de fond a permis d’évaluer et de caractériser la fermeture des zones lacustres. Des images aériennes historiques, de 1950 à 2013, sont comparées. Elles montrent que la fermeture des zones d’eau s’est principalement produite à la fin des années 90 et au début des années 2000, lors d’assèchements successifs du site. Cette fermeture résulte de plusieurs facteurs dont la création en 1992 du canal central, qui a conduit au cloisonnement des zones d’eau libre, accélérant les assèchements qui ont à leur tour permis la prolifération du palétuvier gris.
Le livre sur les rongeurs et marsupiaux de Guyane est publié en 2014. Fruit d’un long travail de ces espèces discrètes, difficiles à étudier, à inventorier, à identifier, ce livre fait un point complet sur ces deux groupes, qui regroupent plus de la moitié des mammifères non volants de Guyane.
Livre - Marsupiaux et rongeurs de Guyane
Télécharger2015 - Savane Roche Annabelle, podocnémides, équipe ''tortues'' à Awala...
En 2015, de nouveaux enjeux sont explorés, de nouveaux projets mis en œuvre. La mission d’inventaire des petits mammifères de la Savane roche Annabelle, avec l’Institut Pasteur, l’université de Montpellier, des chercheurs brésiliens de l’Amapa et de Manaus, est un point fort de la saison sèche. La savane roche est encore alors très peu fréquentée, l’accès est difficile, mais les bateaux montent, un laboratoire de terrain est installé sur le site, un camp est construit pour abriter une dizaine de personnes pendant trois semaines. La biodiversité des rongeurs et marsupiaux est particulièrement importante, inattendue, avec l’observation de certaines espèces rares.
Le volet “espèces menacées” intègre une nouvelle espèce cible, la podocnémide de Cayenne. Cette espèce, restreinte à l’Est de la Guyane, est menacée par le braconnage essentiellement. Les projets d’aménagement des fleuves pourraient aussi modifier durablement les habitats, détruire les sites de pontes. Les podocnémides vont ainsi compléter le travail sur les loutres géantes, avec désormais une seconde espèce indicatrice de la qualité des cours d’eau. Des premiers inventaires, la recherche des sites de pontes, sont mis en place sur la rivière Comté et le fleuve Approuague.
Un nouveau programme se structure autour de la biodiversité dite “commune” : le programme Nature de nos Villes va permettre de travailler sur les enjeux liés à l’articulation entre les développements urbains et la préservation de la biodiversité autour de Cayenne. Des inventaires sont entrepris sur les reptiles, les amphibiens, les poissons, dans de nombreuses zones humides et cours d’eau. En parallèle, des projets pédagogiques sont montés avec plusieurs écoles, et un travail de médiation environnementale est initié. En partenariat avec l’équipe de la réserve naturelle, des pièges photographiques sont mis pour la première fois en place sur le mont Grand Matoury et les savanes alentours. Ils dévoilent une forte diversité de félins, qui continuera d’être suivie ensuite par la Réserve.
Sur les plages, le travail se poursuit à Cayenne et Rémire, mais le point marquant de l’année 2015 aura été le problème d’insécurité sur les plages, avec des agressions répétées sur les équipes, et sur les visiteurs. Au regard de cette situation particulièrement préoccupante, l’association a dû cesser en juillet, en pleine période touristique, toutes ses activités d’accueil du public sur la plage, et un peu plus tard a cessé le travail d’étude sur les tortues pour cette saison de ponte. La nouveauté plus optimiste est à l’ouest : une équipe d’animation et de sensibilisation aux tortues est désormais en place à Awala Yalimapo, pour apporter un soutien à l’équipe de réserve naturelle de l’Amana : pendant toute la saison, la plage sera arpentée, et les touristes informés des bons gestes pour une observation respectueuse.
2016 - La Liste Rouge régionale des espèces menacées, la collection JAGUARS, mission à Trois Sauts...
Un chantier collectif important de l’année 2016 est le début du travail sur la première « Liste rouge régionale des espèces menacées ». Oiseaux, mammifères, reptiles, amphibiens, vont faire l’objet pendant deux ans d’une évaluation précise de l’état des populations, des tendances, des menaces. L’association Kwata a plus spécifiquement en charge les mammifères « non volants », c’est-à-dire à l’exclusion des chauves-souris. Cette évaluation conduira à identifier la loutre géante, parmi les mammifères les plus menacées, la loutre géante, le petit marsupial des savanes Cryptonanus, le tapir, la biche des palétuviers et le rat des marais.
La collection est aussi le support pour un travail de médiation scientifique autour des connaissance et perceptions du public sur le rôle des collections biologiques et les enjeux autour de la notion de l’accès et partages de avantages liés aux ressources génétiques.
La collection JAGUARS devient le support de deux projets. Le premier est un projet de recherche, applicable à la conservation. La définition des zones de fortes biodiversités s’appuie sur plusieurs approches. Certaines privilégient la diversité des espèces, l’abondance de certaines d’entre elles comme les disséminateurs ou les prédateurs, la présence d’espèces dites « déterminantes », « irremplaçables ». La diversité forestière, la biomasse, la structure de la canopée, sont aussi des approches possibles. La diversité génétique des populations, ou « diversité intraspécifique », qui permet la résilience des espèces, qui conditionne leur capacité d’adaptation aux changements, n’est en revanche que très peu considérée, alors qu’elle peut être le garant du futur des espèces. Le programme INDIGEN, pendant 3 ans, va explorer la manière dont les différentes approches et la diversité génétique se superposent et peuvent se compléter.
Coté plages et programme tortues marines, à l’Est les activités nocturnes (accueil du public, suivi des tortues) se remettent en pace après les vagues d’insécurité de 2015. La coordination du Plan National d’Actions lance en Guyane la première « journée des tortues marines », qui réunit tous les acteurs, dans un grand moment collectif dédié à la sensibilisation du public, des scolaires.
Sur le terrain, après la savane roche Annabelle l’année précédente, une session d’inventaires est mise en place avec un chercheur de Montpellier, sur le haut de l’Oyapock, dans le village de Trois Sauts. Le suivi des tortues podocnémides se poursuit, avec le développement d’un projet pédagogique à Régina, et la réalisation d’un petit conte par les élèves de l’école.
La coordination du Réseau Échouages de Guyane est prise en charge par l’association Kwata, pour 4 ans. Un important travail de communication est également mis en place.
2017 - Le projet TRAMES, mission Taluhen, merci les bénévoles !...
L’année 2017 est celle du lancement d’un grand projet structurant, en partenariat avec le GEPOG. Le projet TRAMES (« Territoires, Réseaux, Aménagement, Milieux, Environnement, Sociétés ») va pendant quatre ans s’attacher à travailler sur l’importance des connections écologiques et des zones de préservation de la nature sur les communes du centre littoral. Il comprendra 3 axes majeurs. Un premier sera dédié à apporter des connaissances sur la biodiversité, avec un effort particulier porté sur les zones d’importance écologique identifiées sur les documents de stratégie territoriale (Schéma d’Aménagement Régional, Plans Locaux d’Urbanisme). Le deuxième axe s’attachera aux approches participatives, à la communication, et la valorisation, afin de promouvoir l’appropriation par les habitants de ces zones d’intérêt. Le troisième sera d’apporter les éléments concrets facilitant les orientations et les choix des décideurs quant aux devenirs de ces zones.
Dans la poursuite des activités de la collection JAGUARS, l’association accompagne en 2017 une mission de l’Institut Pasteur de la Guyane à Taluhen, sur le haut du Maroni. L’objectif est d’échanger avec les habitants sur les ressources biologiques : que font les chercheurs ? Pourquoi ont-ils besoin de faire de prélèvements de faune, de flore ? Comment sont perçus ces travaux sur les territoires ?
Sur les plages en 2017, un gros coup de projecteur est fait sur les bénévoles « tortues marines », pour leur engagement depuis 15 ans : l’équipe est récompensée par la Fondation Nicolas Hulot pour son implication ! Et la Collectivité Territoriale de Guyane s’engage pour les animations estivales, de nombreuses nouvelles activités sont proposées sur les plages, à l’Est comme sur les plages d’Awala Yalimapo.
Côté rivières, le suivi des podocnémides continue, avec des missions sur l’Orapu, la Comté, l’Approuague jusqu’au Saut Grand Canori : les variations saisonnières des abondances, les distributions spatiales le long des rivières, commencent à être bien connues. La Liste rouge régionale, initiée en 2016, est publiée, elle identifie la podocnémide comme une espèce menacée, auprès d’une autre tortue aquatique non marine, la peltocéphale d’Amazonie.
En 2017, parmi les pressions sur la biodiversité, une attention est portée sur une autre menace, peu considérée encore : les espèces exotiques envahissantes. Moins fragile que les îles, connues comme étant très sensibles à cette pression, la Guyane n’en demeure pas moins exposée. L’association Kwata a en charge la synthèse des risques présentés par certaines espèces animales, comme certains poissons, reptiles ou escargots qui pourraient menacer la biodiversité locale.