loutres géantes
Les loutres : sentinelles de la qualités des cours d'eau
La Loutre géante est présente dans la partie centrale et septentrionale d’Amérique du Sud. La loutre géante est un grand carnivore, avec une taille de 1m50 à 1m80, pour un poids de 25 à 30 kg. La loutre géante est assez opportuniste, elle se nourrit majoritairement de poissons, et aussi parfois de serpents, caïmans, tortues et même petits mammifères, amphibiens, oiseaux, mollusques C’est une espèce amphibie, qui partage son temps entre l’eau pour la chasse, le jeu, et à terre pour établir des zones de repos, des latrines, et des terriers dans lesquels elle élève les jeunes, et est une espèce diurne, grégaire, avec des groupes généralement de 5 à 10 individus, sur des grands territoires, qui s’étendent sur 15 à 25 km de berges. Elles communiquent entre elles grâce à un répertoire vocal riche, qui permet le maintien de la cohésion du groupe.
« L’ensemble géographique des Guyanes, Guyana, Suriname, Guyane et Amapá, est l’un des derniers sanctuaires pour les loutres géantes«
Après des décennies de braconnage, notamment pour sa fourrure, et la perte de ses habitats du fait des pollutions, des barrages, de la déforestation, la loutre géante fait partie des mammifères les plus menacés d’Amérique du sud. Sa répartition a été fortement réduite au cours du siècle dernier est aujourd’hui discontinue.
Le premier état des lieux des populations en Guyane a été réalisé entre 1998 et 2003 : il a montré que l’espèce était bien répartie sur le territoire guyanais et présente sur une grande majorité des cours d’eau de bonne qualité écologique, les rivières, petits cours d’eau forestiers adjacents, savanes inondées. Elle peut même être observée dans les forêts marécageuses côtières, et en mangrove, mais est absente sur les zones impactées par l’activité minière. Dès la fin des années 2000, l’association a mené de premiers inventaires quantitatifs sur 15 sites de référence de la zone côtière, sur la base d’inventaires d’observations directes et d’indices de présence (traces, déjections, marquages, terriers), et réactualise ces travaux. Repris au début des années 2020, ces inventaires sont encore en cours de réactualisation, mais certains sites montrent déjà des signes nets de déclin. Et, plus inquiétant, il a été constaté en Guyane, comme par ailleurs au Pérou et en Équateur, que plus d’une décennie après l’arrêt des activités minières, les rivières anciennement perturbées n’ont toujours pas été recolonisées par les loutres.
La loutre géante est en revanche encore présente en abondance sur les rivières du Parc Amazonien dès lors qu’elles sont préservées de l’orpaillage. Enfin, la retenue de Petit Saut, 30 ans après la construction du barrage, est devenue un véritable sanctuaire pour les loutres géantes, avec plusieurs dizaines d’individus qui se partagent les 300 km²du lac.
La loutre géante est un super-prédateur qui occupe le plus haut niveau de la chaîne alimentaire, avec une résilience très faible. En Guyane, la démographie importante et le développement urbain et agricole sur la zone côtière pourraient menacer les habitats de l’espèce. Plus en retrait de la zone côtière, les activités extractives polluent les cours d’eau (métaux lourds, turbidité) et la loutre et ses habitats. En même temps, les cours d’eau, et vraisemblablement les populations de loutres géantes, sont encore en bien meilleur état sur le plateau des Guyanes que sur le bassin amazonien, donnant une responsabilité toute particulière à la région.
