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Association Kwata

Tapirs

Tapirs

Tapir le jardinier de la forêt

Parmi les quatre espèces de tapirs, le tapir brésilien Tapirus terrestris a la plus large distribution, englobant l’ensemble du bassin amazonien et sa périphérie, des côtes de l’Atlantique aux contreforts andins. Ses principaux habitats sont les zones forestières humides : forêt de terre ferme et forêts inondables, forêts de bord de rivières, et plus rarement des habitats plus ouverts comme les savanes arborées.

La diversité du régime alimentaire est importante, avec au moins 90 espèces végétales broutées et 80 fruits consommés identifiés en Guyane, sur un total connu de plus de 250 espèces broutées et près de 200 espèces de fruits, dont une part importante de palmiers. Le tapir est ainsi un disséminateur important de plusieurs arbres amazoniens, jouant un rôle structurant dans la physionomie de la forêt : il est un véritable jardinier des forêts. En plus de la dissémination, il contribue largement à l’éclaircissement des sous-bois par sa corpulence.

Le tapir est un animal qui joue un rôle important dans les cultures locales.
On le retrouve au cœur de nombreux contes et légendes de toutes les composantes des cultures guyanaises. Son nom vernaculaire est décliné dans toutes les langues. Il figure d’ailleurs sur les armoiries de la commune de Rémire-Montjoly, aux côtés de la tortue olivâtre. Chez les amérindiens Wayãmpi, l’espèce est associée à la Voie lactée. En effet, cette galaxie est nommée « le chemin du tapir » en raison de la propension de l’animal à soulever de son pas pesant, le fond argileux des cours d’eau qu’il emprunte :  l’eau de la rivière devient laiteuse, d’où la référence à la Voie lactée.

Une légende Kali’na rapporte que jadis, deux sœurs étaient mariées à un tapir. Un jour, elles quittèrent le village pour se rendre à une fête, laissant seul leur frère. Il en profita pour aller à la chasse et il rencontra un tapir. Il le tua et le ramena au village. Lorsque ses deux sœurs rentrèrent, il les invita à manger et leur servit le produit de sa chasse. Les deux sœurs apprécièrent tout particulièrement ce festin. Mais elles finirent par découvrir que leur frère leur avait préparé et que l’animal qu’elles venaient de manger était leur mari ! De dépit et de colère elles se jetèrent toutes les deux dans les eaux du Maroni : l’une devint un lamantin, l’autre un dauphin. Depuis, on attribue à ces deux sœurs la responsabilité de certaines noyades et chavirement de canots.

A l’échelle de l’ensemble de son aire de distribution, les principales menaces pesant sur le tapir sont la perte des habitats (déforestation, conversion des zones de forêt en zones d’élevage) et la chasse. En Guyane, le tapir est menacé essentiellement par la chasse, en dépit de l’interdiction de commercialisation et de la mise en place de quotas. Les taux de prélèvements observés, y compris dans la chasse traditionnelle, dépassent régulièrement les taux de prélèvements maximaux considérés comme durables. Cette pression de chasse, la perte d’habitats favorable, et le statut également préoccupant dans les régions voisines ont amené à proposer un statut de conservation « vulnérable » pour le tapir en Guyane.

Entre 2009 et 2012, des comptages de traces ont été menés sur 12 rivières de Guyane. Ces comptages ont été repris depuis 2021, afin de voir comment les abondances avaient évolué en 15 ans. De nombreux sites montrent des signes clairs de déclin, voire de disparition, et lancent des signaux d’alerte.

"Une réelle attention et des mesures fortes sont nécessaires et urgentes pour assurer la sauvegarde de cet architecte des forêts amazoniennes."