Notre Histoire
Notre Histoire
2004 - 2013
2004 - Écloserie, orpaillage, Parc national, 1ères productions et publications, plages, rivières, forêt...
L’activité d’accueil à l’écloserie se diversifie, avec des expositions itinérantes accueillies pendant les grandes vacances. Un premier livret d’activité, à destination des plus jeunes, est édité avec le soutien du WWF, et les premiers mayouris* de nettoyage des plages sont organisés avec l’association Ne Plus Jeter
* Mot créole qui désigne un travail réalisé en commun pour s’entraider.
Septembre 2004, une séquence inédite d’érosion est observée, et l’écloserie doit être déplacée en urgence !
Fort heureusement, tous les nids ont éclos.
L’éducation à l’environnement se diversifie, avec des interventions sur la faune de Guyane qui s’exportent, notamment à Cacao, et à Kayodé sur le haut Maroni, et lors du premier évènement d’éducation à l’environnement inter-associations, « les enfants verts » organisé à Matiti. 2004, c’est aussi la première participation à l’un des premiers salons du Tourisme et à la Fête de la Science.
Un partenariat avec le Novotel (ex- « Grand Hotel Montabo ») permet de monter une exposition « faune de Guyane », et des conférences gratuites sont organisées toutes les semaines dans le hall de l’hôtel.
Les inventaires en forêt se poursuivent, et le livre « les primates de Guyane » est édité. L’étude sur les caïmans noirs se poursuit, avec la mise en place des premières collaborations avec les autres équipes sud-américaines pour comprendre les relations génétiques entre les différentes populations du bassin amazonien. Du côté du centre de soins, un premier bilan : 250 mammifères accueillis en 3 ans, 37 espèces, et des besoins croissants d’espace, de main d’œuvre, de soutien pour les soins quotidiens. Là aussi, comme pour le programme « tortues », de nombreux bénévoles sont impliqués.
2004, c’est l’heure des premières contributions conjointes des associations GEPOG, SEPANGUY, Kwata, WWF sur la localisation du futur Parc national, et sur la pression de l’orpaillage illégal qui prend une ampleur inédite. Ce sont en effet plus de 30 barges travaillant simultanément sur le fleuve Approuague le long des 40 km qui séparent les premiers sauts et l’entrée de la réserve des Nouragues, observées par l’association Kwata lors de son travail sur les loutres géantes.
Pour la première fois, une délégation de Guyane, avec l’association et le Conseil Régional, se rend au Forum Mondial pour la Nature, organisé en Thaïlande par l’Union mondiale pour la nature : c’est une occasion unique de partager les sujets de Guyane, plus largement du plateau des Guyanes.
2005 - Loutres, la rivière Arataï abandonnée à l'orpaillage, tapirs, le parc national et l'activité aurifère...
Les inventaires de loutres se poursuivent, avec un coup dur : le travail sur la rivière Aratai, au sein de la réserve naturelle des Nouragues, site témoin depuis le début des études, est arrêté.
La rivière est envahie par les orpailleurs, l’équipe croise des layons, des pirogues, des zones de stockage de gasoil, entend des coups de feu et des groupes électrogènes … Au delà de l’insécurité évidente, la faune a disparu : plus aucun indice de loutres, de tapirs, plus un cri de martin-pêcheur, de singe hurleur…
L’association structure cette année-là le suivi des tapirs, les suivis s’intensifient, une synthèse à l’échelle de l’Amérique du sud est menée avec la Wildlife Conservation Society. Comme pour l’orpaillage, la question de la chasse, parfois de la sur-chasse, et le risque que cela fait peser sur les certaines espèces, est remontée aux médias, aux autorités. En 2005, on trouve du tapir en barquette dans les supermarchés, tout à fait légalement …
Du côté du futur Parc amazonien, l’année 2005 a été celle du pré-projet de loi sur les « nouveaux parcs nationaux », projet qui concernera donc le parc guyanais en construction. Là encore, comme en 2004, les associations s’unissent contre certains articles de ce pré-projet qui ouvre la porte à des activités extractives, la presse nationale se fait l’écho des inquiétudes locales. Alors que l’orpaillage illégal pollue encore plus le débat, la future localisation du Parc ne fait pas l’unanimité, les activités autorisées et interdites non plus, les discussions sont compliquées, les attentes immenses, les engagements un peu hasardeux …
Sur les plages, l’écloserie a été reconstruite, l’accueil y a repris, ainsi que les activités transplantations. La nuit, les équipes continuent le travail de marquage, et les premières sorties grand public sont organisées. En juillet 2005, un reportage sur les activités « tortues » est réalisé, et sera diffusé sur les vols Air France et Air Caraïbes à destination de Cayenne !
2006 - Premiers suivis des tortues olivâtres
Les plages de Montjoly se confirment d’année en année comme sites de pontes majeurs pour la tortue olivâtre. De nouvelles études se mettent en place : génétique pour comprendre les liens entre cette population et les autres de l’Atlantique, et télémétrie pour étudier du comportement en mer, avec les premières poses de balises. Les migrations vers l’Ouest, après la ponte, sont mises en évidence, ainsi que les « rassemblements » au large des plages, quelques jours avant les pontes en masse (« arribadas »).
L’association poursuit aussi son travail sur les loutres, avec des premiers inventaires menés dans le sud, sur le territoire du futur Parc national : côté Maroni, le « petit Inini du Tampok », et côté Oyapock, la crique Inipi, affluent de la rivière Camopi, font l’objet de prospections. Sur l’Inipi, la « roche Jésuite » ou « roche crabe », l’une des rares roches gravées de Guyane, avec une dizaine de pétroglyphes anthropomorphes et zoomorphiques, est ré-observée après des années d’oubli.
Quant aux inventaires forestiers, ils sont faits vers Saint Georges, en accompagnement du chantier de l’ouverture de la route vers le futur pont de l’Oyapock.
Pour répondre à l’isolement des écoles du fleuve, le GRAINE Guyane, créé depuis 7 ans, lance « la pirogue de l’environnement ». Pendant trois semaines, 7 animateurs de l’ADNG, la SEPANGUY, l’Arataï, l’ADCMK et de Kwata parcourent le fleuve Maroni, Pidima à Apatou. Cette venue était fortement attendue par les enseignants, souvent à l’écart des animations thématiques et des outils pédagogiques. Au total, ce sont 20 écoles visitées, 120 interventions faites, 1200 enfants rencontrés.
2006 est aussi la dernière année du centre de soins, d’autres structures prendront le relais. Mais l’association, du fait de son expertise, va continuer d’intervenir sur des interventions un peu périlleuses, comme ce caïman noir échoué à Bourda, sans doute victime des très forts débits d’eau liés à une saison des pluies très fortes.
2006 signe le clap de fin pour le projet Cambior : après des années de lobbying et de lutte des associations, le projet de mine industrielle sur la montagne de Kaw est rejeté in extremis… les camions avaient déjà été débarqués au port de Dégrad des Cannes, ils en repartiront sans avoir roulé … Mais cette victoire suit un drame sur le fleuve, l’assassinat de deux gardes de la Réserve naturelle des Nouragues, plus que jamais aux prises avec l’or clandestin.
2007 - Lancement des études sur le jaguar en Guyane
Lors de la saison sèche 2007, la première évaluation des densités de jaguars est mise en place. Le site choisi est celui de Counami, déjà bien connu car lieu du suivi des impacts de l’exploitation forestière depuis 1998.
Les appareils automatiques numériques ne sont pas encore au point : tout se fait avec des appareils argentiques, relevés pendant 3 mois tous les 10 jours, pour les changements de piles, de pellicule, et tout cela sur une surface de 100 km² … Des centaines d’heures de marche, mais au bout les tous premiers clichés, les premières densités de jaguar et de puma sur tout le plateau des Guyanes.
Création du Parc Amazonien !
Une nouvelle mission sur la rivière Inipi est organisée avec les agents. Après l’abandon en 2006 de la rivière Arataï comme site témoin, du fait de l’orpaillage, l’Inipi était candidate… Mais c’est là aussi le désarroi, la rivière a également succombé à l’or, laiteuse et déjà morte … Un petit moment de grâce tout de même, les heures passées par les agents à redessiner à la glaise tous les dessins de la Roche Crabe, révélant des motifs d’une manière éclatante.
L’or, encore l’or .. le début de chaos sur l’Approuague, avec l’assassinat de Capi et Domingo, deux agents de la Réserve Naturelle des Nouragues, fermeture du Camp Arataï… Le suivi des loutres se poursuit plus en aval sur la rivière Ekini, et sur le nord, Iracoubo, amont du Sinnamary.
Quant aux inventaires sur des espèces chassées, c’est cette année-là le retour sur le secteur de la RN2, 8 ans après les premiers inventaires mis en place lors de l’ouverture de la route : les impacts de la chasse sont évidents sur les espèces les plus sensibles, et notamment les grands singes.
2007 est pourtant une année d’avancée majeure : la mise en place des quotas de chasse, après des mois de discussions parfois houleuses avec les différentes parties prenantes. Comme dans toutes les négociations, personne n’est jamais pleinement gagnant, mais le dialogue a tenu, et un premier texte a pu voir le jour.
Côté plages, c’est le lancement du premier projet multi-partenarial sur les tortues marines, le programme CARET, porté par le WWF. Il va permettre de pérenniser des postes, de faciliter les échanges entre les structures, de renforcer les actions de communication, de donner un peu de souffle à la recherche incessante de fonds pour faire tourner la « saison tortues » : les équipes d’animations, de l’écloserie, de marquage, de comptage tournent à plein : le nombre de pontes de luths et d’olivâtres a plus que doublé par rapport à 2006, ainsi que le nombre d’animations sur site, et 2600 personnes passent visiter l’écloserie.
C’est dans ce cadre qu’est lancé le livre sur la tortue olivâtre, star des plages de Cayenne et Rémire Montjoly.
Livre olivâtre
Télécharger2008 - Clap de fin de l'écloserie !
En 2008, l’activité de ponte des tortues poursuit son expansion, avec plus de 6300 pontes de luths, près de 2000 de plus que 2007 ! L’écloserie est réinstallée, mais pour une dernière saison : elle aura joué son rôle de « coup de pouce », elle a permis de lancer les activités d’éducation à l’environnement, la communication, la sensibilisation, elle a apporté des données précieuses sur les nids.
Mais beaucoup de tortues, les plages sous pression, du public de plus en plus nombreux : l’association change de stratégie, et décide dorénavant de déployer ses efforts plus largement. Après la Fondation Nicolas Hulot, c’est au tour de la Fondation ensemble et de la Fondation de France d’apporter leur soutien à Kwata dans son travail de concertation pour la réduction des menaces anthropiques sur les tortues marines.
Le Projet SPECIES (« Suivi des Populations des Espèces Charismatiques d’Intérêt Ecologique et Scientifique »), porté par le WWF et réalisé par Kwata, reçoit des fonds de l’Europe et de l’Etat. Ce programme, va permettre pendant 3 ans de progresser sur la connaissance et la protection des loutres géantes, du tapir et du jaguar, et d’y associer un travail de sensibilisation.
Après le site de Counami en 2007, c’est le site de Montagne de Fer, sur la commune de Mana, qui accueille le travail sur les densités de jaguars et pumas. Les indices de loutres et tapirs sont suivis sur l’iracoubo, la Counamama, le Sinnamary.
Quant au lobbying, deux évènements sont notables en 2008.
L’association Kwata a été la porte parole des ONGs lors de l’intervention de clôture de la Conférence « L’union Européenne et l’Outre Mer » à l’Ile de la Réunion. L’Outre-Mer européen fait face non seulement à la menace des impacts du changement climatique mais aussi à d’autres facteurs tels que les espèces envahissantes, la pêche illégale, la surexploitation des ressources, la pollution et la destruction des habitats. Cette conférence a ainsi visé à développer et renforcer les actions liées à l’adaptation au changement climatique, aux énergies durables, à la conservation de la biodiversité et à la gestion des écosystèmes. L’importance de l’implication de la société civile y a été soulignée.
Le 𝗪𝗜𝗗𝗘𝗖𝗔𝗦𝗧 (Wider Carribean Sea Turtle Conservation Network) est un réseau pour la conservation des tortues marines dans les Caraïbes étendues (de la Floride au Brésil). Kwata était conviée à présenter la Guyane lors de leur réunion qui s’est tenue pendant le congrès de l’International Sea Turtle Society au Mexique. Un focus sur le bilan des efforts de conservation sur l’Ile de Cayenne a été présenté.
Océans, un film de Jacques Perrin, un hymne à la beauté des eaux du globe ! Une équipe de Galatée Films est venue en Guyane pour tourner des images de tortues luths, des bancs d’anableps et des oiseaux marins de la réserve du Grand Connétable. L’association Kwata a apporté son appui technique pour la réalisation des prises de vue sur la plage de Montjoly et dans l’estuaire de la crique Macouria.
2009 - Année record pour les pontes de tortues luths
L’année 2009 est celle du premier point de bascule dans l’historique des pontes de tortues luths à l’est de la Guyane : l’activité était croissante depuis 10 ans, elle atteint là le chiffre record de 9516 pontes. Cette activité va ensuite décliner pendant les 10 ans qui suivront …
La saison tortues 2009 permet d’accueillir deux stagiaires, Virginie D-R. qui travaillera sur l’influence de la localisation des nids sur les différentes plages sur le succès de l’émergence ; et Maylis C. qui étudiera l’impact des différents types de pollution lumineuse sur le comportement des émergences. Un gros travail est fait aussi sur la communication, avec la sortie d’une « exposition-jeux » mobile sur les tortues.
La communication et la pédagogie se développent aussi sur les espèces à enjeux du projet SPECIES : le stage de Magalie D. va mettre au point une grande partie des animations scolaires du programme. Sur le terrain, c’est au tour de la Montagne de Kaw d’accueillir l’étude sur les densités de grands félins. Le documentaire sur le projet, qui sortira à la fin du projet, est en cours de tournage, à la fois sur les rivières et dans les savanes dans lesquelles est étudiée la présence du tapir.
Espèces forestières enfin, le stage de Luc C. permet, pour la première fois sur le territoire, d’explorer la distribution des espèces selon le relief, les typologies de forêts, les variations climatiques.
Depuis quelques années, l’association a aussi développé des compétences particulières sur les petits mammifères, rongeurs et marsupiaux. Le travail est ingrat, les taux de réussite des captures sont très faibles, de l’ordre de 1 ou 2 individus capturés chaque nuit pour une centaine de pièges posés. Et il faut être en mesure d’identifier, selon les sites, 20 à 30 espèces de rongeurs, 10 à 20 espèces de marsupiaux. L’identification génétique, dite « barcoding », vient alors parfois au secours de l’étude des critères morphologiques. La diversité des rongeurs et des marsupiaux s’avère peu à peu, au fur et à mesure des sites étudiés, être aussi un bon indicateur de l’état de conservation des habitats, et vient compléter les inventaires sur les grands mammifères. En 2009, des sites à Iracoubo, Macouria, Montsinéry, Cayenne ont été inventoriés.
2010 - Les jaguars de Cabo Orange (Brésil)
Dans la poursuite des travaux sur le jaguar, menés depuis 2007, le Parc national de Cabo Orange, dans l’état brésilien d’Amapa, invite l’association pour mettre en place cette année-là une étude sur les grands félins au nord du parc. Le travail se fait avec l’aide des agents du parc, d’étudiants de l’Université de Macapa, et les villageois de Villa Vehla, sur la rivière Cassiporé. Pour la première fois, l’association réalise un projet au-delà des frontières guyanaises, dans un environnement très différent, fait d’une mosaïque de savanes et de ripisylves, avec une faune originale, et notamment la présence détectée du fameux renard des savanes, jamais confirmé en Guyane.
Sur le terrain, les inventaires se poursuivent, avec un retour, après 10 ans, sur l’amont de la rivière Arataye, zone particulièrement peu accessible et peu visitée.
Du côté littoral, c’est le début d’une nouvelle aventure avec les lamantins. Un premier travail de recensement des observations avait été mené en 2001-2002. Il s’agit dorénavant de tester des évaluations d’abondances. Or dans les eaux turbides, qu’elles soient boueuses sur le littoral nord de l’Amérique du Sud, ou riches en tanins sur certains cours d’eau amazoniens, constituent des habitats particulièrement difficiles à étudier. Dans le contexte guyanais, les comptages aériens très utilisés dans les eaux limpides, sont impossibles à mettre en œuvre. Récemment, des comptages par sonar, montés sur des bateaux sillonnant les zones à inventorier, ont été mis au point en Floride et au Mexique. En 2010, avec le soutien de l’équipe mexicaine, les premiers essais sont faits sur la rivière de Kaw, la rivière de Cayenne, les marais Coswine. La méthode sera standardisée dès 2011, et déployée sur tous les estuaires.
Dans le cadre du projet SPECIES, deux nouvelles productions sont achevées, un livre sur la loutre géante, et un livret sur le tapir.
La loutre géante
TéléchargerLivret - Le Tapir
TéléchargerSur la plage, la fondation Nature et Découverte vient, pour ses 20 ans, tourner un documentaire autour des actions qu’elle a soutenues, dont le programme tortues marines.
En 2010, Le ministère en charge de l’environnement lance un gros chantier, qui va durer 3 ans : la réactualisions des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique. L’association aura en charge le travail sur les mammifères non volants, avec une première mission à Gaa kaba, sur les bords du Maroni
Créée en mars 2010, la fédération Guyane Nature Environnement regroupe KWATA, le GEPOG et la SEPANGUY. La fédération a pour but de contribuer à une meilleure protection de l’environnement. Elle aura pour objectifs de participer activement au débat public et d’effectuer un travail de veille environnementale.
2011 - Lamantins, ZAC Hibiscus, les animations tortues marines, le pétrole en Guyane...
Alors que les inventaires des lamantins au sonar continuent, l’équipe accueille une mission brésilienne expérimentée, afin de mieux décrire les habitats des lamantins de Guyane. Cette population intrigue en effet, semblant aussi à l’aise en eaux douces et en eaux salées. Les zones côtières de l’Ile de Cayenne, l’estuaire de la crique Macouria, la zone de Coswine, l’aval de la rivière Acarouany, et l’embouchure de la rivière Uaça (Amapa, Brésil) ont été prospectés. En parallèle, une rencontre avec les pêcheurs de Sinnamary et d’Oiapoque a été organisée, avec les autorités du Parc national de Cabo Orange, et des amérindiens fréquentant la zone de Coswine.
Zone d’Activités Concertée d’Hibiscus à Cayenne. Cette année est la première intervention de récupération de faune, un peu en catastrophe. En 2008, l’association avait dressé un premier inventaire dans le massif forestier de la future zone aménagée. En 2011, l’Établissement Public Foncier d’Aménagement de Guyane (EPFAG) fait appel à l’association pour déplacer la « petite faune peu mobile » avant le déforestage du site. Des pièges sont installés, des rongeurs, des marsupiaux, sont capturés pour être déplacés. Mais quelques semaines plus tard, ce sont les plus grandes espèces qui fuient : agoutis, pacs, paresseux, singes, se réfugient dans les jardins, sont vus sur les routes … l’EPFA fait appel à l’association, ainsi qu’au centre de soins de Chou Aï, pour une intervention en urgence. Ce sera le premier pas vers une collaboration avec l’EPFA pour ses projets futurs.
Du côté des tortues … Depuis 2008, l’activité de transplantation des nids est arrêtée, mais le carbet « écloserie » avait été conservé comme point d’accueil du public et lieu d’animations. Mais le carbet est régulièrement occupé, et il est décidé de le démonter. Un autre élan est donné sur les actions d’éducation à l’environnement, de sensibilisation : fresque à l’entrée de la plage Montabo, Salon du Tourisme, Vernissage de l’exposition Photos Novotel, Fête de la Nature, Journées de la Mer, Journées des Tortues organisée par la mairie de Cayenne, Fête de la voile.
Espaces naturels à forts enjeux : la réactualisation des ZNIEFF est bien lancée ! Après un travail collectif qui aura défini une liste d’espèces dites « déterminantes », c’est-à-dire indicatrices d’un habitat riche, En 2011 l’association Kwata s’est rendue sur le massif de Dekou Dékou, la Montagne Cacao, la crique Vénus vers Sinnamary, la crique Saint Anne à Saint Laurent, les savanes de Nancibo sur les bords de la Comté, dans les savanes de Ti Cayenne, coincées entre la rivière de Cayenne et la rivière de Montsinéry.
Guyane Nature Environnement s’est largement investie dans le suivi du projet de forage pétrolier off-shore, à 150 km au large de Cayenne. La fédération est notamment à la base de la mise en place des réunions d’information organisées par la préfecture sur le sujet entre décembre 2010 et février 2011. Devant l’échec de la concertation promise par le préfet, la fédération Guyane Nature Environnement s’est déclarée opposée au projet de forage en l’état actuel à partir du 10 février. Plusieurs actions de communication ont ensuite été mises en place et une réunion publique d’information le 28 février attire des centaines de personnes : le pari de la sensibilisation est gagné !
2012 - Prise en gestion du site des Salines
2012, un tournant majeur dans les domaines d’activité et de compétences de l’association, qui devient gestionnaire du site des Salines de Montjoly, propriété du Conservatoire du littoral. Cette première année de gestion est chargée : mise en place des inventaires de faune et de flore, localisation des populations d’espèces protégées, identification des zones à enjeux, construction de la carte des paysages, travail sur la rédaction du plan de gestion, début d’un travail de longue haleine pour construire des relations durables les différentes parties, première caractérisation des usages du site.
Les missions de terrain sont très nombreuses cette année-là : Montagne d’Argent dans l’estuaire de l’Oyapock, en partenariat avec le Parc National brésilien de Cabo Orange, retour sur le site de Counami, suivi depuis 1998. L’année 2012 est aussi celle des prospections dans les ZNIEFF du sud, avec 3 grandes missions : Montagne Alikéné près de Camopi, Mont Belvédère près de Saül, et sur les savanes roches au pied du Pic Coudreau dans les Tumuc-Humac.
Sur le mont Belvédère, c’est la première observation depuis 1994 du très rare rongeur Isothrix sinnamariensis décrit pour la première fois à Petit Saut lors de la mise en eau du barrage. Les inventaires à Coudreau se sont déroulés dans les savanes-roches et forêts des alentours du pic, avec là encore des espèces rarement observées, comme le saki satan, ce singe confiné au sud de la Guyane, et un petit rongeur très peu souvent observé en Guyane : Oligoryzomys fulvescens.
La réserve des Nouragues accueille en 2012 la dernière session d’inventaires de jaguars, l’occasion de clichés à l’époque pratiquement uniques en Amazonie des très rares « chiens-bois », espèce sociale, cryptique, méconnue.
Sur les plages, l’équipe monte encore en puissance : une équipe de 8 saisonniers est présente, avec un intensif travail de marquage des tortues. Une stagiaire de l’Université du Minas Gerais, au Brésil, est accueillie pour travailler sur la génétique des tortues luths : il sortira de cette étude la signature unique de la population de Cayenne, bien différente de celle mieux connue d’Awala. Les animations et actions de sensibilisation qui battent leur plein, avec la poursuite de la fresque initiée en 2011, le jeu de la tortue distribué dans toutes les écoles, sa version « terrain » déclinée pour des activités sur site. Un projet de longue date voit le jour : le remplacement de 12 lampadaires de la route des Plages, pour les rendre moins impactant.
En saison sèche, l’équipe animation s’est rendus dans les villages du Maroni de Papaïchton à Antecume Pata pour des animations SPECIES et la distribution des livres Loutres et Tapirs.
2013 - Le projet ''découvrons la forêt"", la collections JAGUARS, les grottes des Nouragues...
En éducation à l’environnement, c’est le lancement du projet « découvrons la forêt » à Loyola. L’objectif est de valoriser et mieux faire connaître les ressources forestières (diversité, usages, utilisations) des forêts du littoral, via l’aménagement du sentier Loyola par des classes de cycle III : toute l’année scolaire, des élèves de plusieurs classes vont travailler sur des panneaux thématiques.
La collection JAGUARS, c’est quoi ? C’est à la fois un centre de stockage sur la biodiversité guyanaise, et une plateforme d’accueil pour des projets d’étude sur la faune de Guyane. La collection rassemble en un même lieu des échantillons (pièces osseuses, spécimens entiers, prélèvements) des espèces animales : sa vocation est de préserver, dans des cadres technique et réglementaire optimaux, ces ressources biologiques, à des fins de connaissance de la biodiversité, de partage, de valorisation pédagogique. La collection est physiquement hébergée par l’Institut Pasteur de la Guyane, est agréée au titre des échanges internationaux et de la détention de toutes les espèces de Guyane, et permet d’accueillir des étudiants, chercheurs : l’idée fondamentale est de faire venir travailler les chercheurs sur place, plutôt que d’envoyer des échantillons dans leurs laboratoires. 2013 est l’année de la mise en place, de la formalisation des partenariats, de tout le travail de mise aux normes règlementaires.
Sur les plages en 2013, une nouvelle session de suivi en mer de tortues olivâtres est mise en place, avec des balises à la fois plus petites, plus performantes, et enrichies de nouveaux capteurs. Ils permettront de mieux comprendre dans quel environnement marin (température, salinité) évoluent les tortues.
Sur les plages toujours, une très grosse séquence d’érosion du littoral impacte le site des Salines : le sentier dans son tracé d’alors part à la mer, les vagues rentrent jusqu’au carbet de l’observatoire, les premiers mètres de la passerelle « mangroves » sont emmenés. Un important travail de restauration est lancé.
Les grottes des Nouragues : dans la poursuite du travail fait sur les félins, les appareils photos ont été déplacés vers les grottes et chaos rocheux de la réserve. Ils ont montré que jaguar, puma, ocelot, chien-bois, tatous, marsupiaux, rongeurs, et même tapirs pouvaient utiliser tour à tour ces abris : une étonnante diversité !
Pour les loutres géantes, c’est le retour sur la crique Inipi : un nouveau site se meurt … les images du retour sur ce site, avec une nouvelle mission organisée par le Parc amazonien, sont éloquentes et se passent de commentaires …
Sur la réserve Trésor, la faune des savanes est scrutée, avec une recherche particulière des tapirs.
Dans les estuaires, les inventaires de lamantins se terminent, avec l’invitation d’une équipe surinamaise pour les former à la méthode du sonar, en vue de la mise en place de l’autre côté du Maroni.