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Association Kwata

Notre Histoire

Notre Histoire

Notre Histoire

1994 - 2003

1994 - les débuts !

Tout est parti en 1994, depuis Petit Saut. Cette année-là, le barrage commence à se remplir, et une grande opération de sauvetage de la faune piégée sur les iles qui se forment, sur les arbres qui s’isolent peu à peu, se met en place. Le programme « Faune Sauvage », ce sera au plus fort 50 personnes, vétérinaires, étudiants, biologistes, équipes techniques, qui inlassablement vont arpenter, pendant 18 mois, tous les méandres du fleuve Sinnamary qui se noie doucement, irrémédiablement. C’est au cours de ce projet, en août, que certains membres de cette équipe déposent les statuts de l’association. Petit Saut, c’est la première atteinte environnementale de grande ampleur en Guyane, et sur un territoire les premiers frémissements de nouveaux projets de développement se font sentir, après le Centre Spatial Guyanais un peu plus tôt. Pour contribuer à apporter des réponses à des besoins émergents d’accompagner ce développement, à des besoins de connaissances de la faune encore très fragmentaires à l’époque, à des besoins de sensibilisation et des notions naissantes « d’éducation à l’environnement », l’association Kwata arrive dans le paysage guyanais.

1995 - L'opération "Faune Sauvage" bat son plein

Au total, plus de 5000 animaux auront été capturés, et relâchés dans des zones adjacentes. Entre temps, tous les animaux seront passés par l »’hôpital vétérinaire », pour prendre des mesures, réaliser des prélèvements, faire une évaluation rapide de l’état de santé. Ces prélèvements sont en grande partie encore gérés par l’association, et encore 30 ans après, utilisés pour des études de génétique, des bactéries et parasites portés par la faune…
Des dizaines de stages d’étude, de thèses, de collaborations universitaires auront été mises en place pour valoriser cette collection.

En parallèle, ont été mis en place des suivis des nombreux individus après leur relâcher : équipés de collier émetteur radio, ils ont permis de comprendre le comportement d’exploration, de mise en place d’un nouveau territoire, les interactions avec les individus résidents, la stabilisation progressive. Pour la petite histoire, cette zone forestière de relâcher aura été la première en Guyane sur laquelle la chasse a été interdite, afin de préserver la tranquillité de cette faune déplacée. Les réserves naturelles ont été créées un plus tard : décembre 1995 pour la réserve des Nouragues, 1996 pour la réserve de la Trinité, 1998 pour la réserve de Kaw.

1996 - L'équipe quitte le lac

L’équipe « sauvetage » du programme Faune Sauvage a tiré sa révérence, les derniers bateaux ont quitté le lac qui s’éteint doucement… Sur le terrain, il reste une petite équipe, dédiée au suivi des animaux relâchés. C’est le temps de premiers rapports d’étude, de synthèse et bilan, il y en aura ensuite des dizaines et de dizaines, pendant des années encore, qui vont travailler à valoriser l’énorme base de données et la collection biologiques constituées en deux ans. Année de transition, l’association Kwata n’est pas encore sevrée, mais ne va pas tarder à prendre son envol !

1997 - L'association a son premier logo

Alors que de nombreux travaux sont encore en cours sur la base de données de Petit Saut, les premiers programmes « post Petit Saut » commencent à se construire, même s’ils ne sont pas encore opérationnels sur le terrain.

L’association a son premier logo, constitue son premier bureau, recherche ses premiers financements, met en place des partenariats. Le premier d’entre eux sera établi avec l’Office National des Forêts. On parle alors pour la première fois en Guyane d’un aménagement durable des forêts exploitées, et le site de Counami, sur la commune d’Iracoubo, se pose en projet pilote : il s’agira de mettre en place différents outils, observations et mesures sur le terrain pour limiter les impacts directs de l’exploitation, permettant de préserver à plus long terme la faune. Le territoire est balbutiant sur ces sujets, les pratiques doivent fortement évoluer : une bonne partie de l’année est dédiée, avec les agents de l’ONF, à travailler sur ce projet, qui va débuter en 1998. Avec, pour la partie grande faune, les singes qui serviront de principaux témoins des bonnes pratiques promises par cette nouvelle ère de l’exploitation forestière en Guyane (photos d’époque …).

1998 - L'association Kwata se lance "vraiment" !

1998 est l’année de lancement des premières actions de terrain. Comme évoqué précédemment, l’Office national des forêts lance l’exploitation de la forêt de Counami. Un état des lieux de la grande faune est fait à cette occasion, avec une méthode simple et robuste, dite des « transects linéaires », appliquée pour la première fois après Petit Saut. Elle deviendra, au fil des ans, la méthode de référence mise en place partout. A Counami, il va s’agir de concilier exploitation forestière durable, activités de chasse traditionnelles, maintien de la grande faune. Les mots « conflits d’usage » ne sont pas encore dans le vocabulaire usuel, mais les enjeux sont d’ores et déjà là … Sur les plages, après des années, des décennies sans tortues, les premières luths, olivâtres commencent un timide retour, en cette année 1998. Mais les plages, à cette époque, sont encore des zones assez peu préservées et considérées … Qui se souvient encore des fameux « Mega penteng » sur les plages ? Germe alors, pendant ces prémices de « saison de ponte » 1998, l’idée de l’évidence d’actions en faveur de tortues. L’État, différents partenaires sont sollicités, en vue de préparer l’année 1999. Enfin, nait aussi la réflexion sur le besoin du premier centre de soins pour animaux sauvages : forte de l’expérience de Petit Saut, la petite équipe se met au travail pour mettre en place le projet, chercher des premiers soutiens, un terrain, évaluer les besoins, recueillir les premiers animaux. Tous premiers bénévoles, premier salarié, l’association Kwata se lance !

Grumier dans une exploitation forestière.

Les « restes » d’un « Mega penteng » sur la plage.

1999 - La toute première "saison tortues"

1999, c’est tout d’abord la naissance du logo encore, qui fête ses 25 ans.

Coût de projecteur sur deux actions marquantes.
Tout d’abord, l’organisation sur les plages de la première saison, les premiers visiteurs sont là, les premiers comptages sont mis en place : 947 pontes de luths sont observées, ainsi que 441 olivâtres. Des premières discussions sont engagées avec les communes, l’Etat, les socioprofessionnels, les riverains, pour initier les premiers dialogues et réfléchir, conjointement, à ces nouveaux enjeux. Les plages de Cayenne et Rémire-Montjoly vont en effet devenir, peu à peu, des sites majeurs de ponte, mais l’équipe est alors loin de le savoir, et d’imaginer que cette « saison », sera suivie de tant d’autres.

Côté forêts, l’association est sollicitée pour un chantier majeur : l’ouverture de la route entre Régina et Saint Georges, et l’étude de la grande faune. 6 mois d’affilée passés sur les 80 km d’une piste qui n’est fréquentée que par des dizaines d’engins de chantiers, quelques toutes premières traversées informelles venant de Saint Georges, quelques chasseurs téméraires. A proximité de Régina, le pont sur l’Approuague se construit doucement.

2000 - Les premiers inventaires caïmans à Kaw

L’année 2000, des projets de long terme se mettent en place et se structurent.

C’est déjà le retour sur le site de Counami, dont le travail de suivi des impacts a commencé en 1998, et qui se poursuivra jusqu’en 2013. Le programme sur les espèces forestières s’étoffe, avec une sollicitation de la SEPANGUY pour des inventaires sur la Montagne des Singes, en vue de l’ouverture de ce qui à l’époque était le « nouveau layon » : il s’agissait de déterminer les zones les plus riches et les plus fragiles, à éviter ou au contraire à valoriser. 2000, c’est aussi le tout début des travaux menés sur la réserve naturelle des marais de Kaw-Roura, créée en 1998. La population de caïmans noirs qu’elle abrite, sur la partie la plus septentrionale de son aire de répartition, n’est pas du tout connue encore, bien qu’elle ait constituée l’un des arguments majeurs en faveur de la création de la réserve. Comme pour d’autres populations, elle a subi une chasse intense, pour le tannage de leur peau, mais on ne sait rien encore de leur état actuel. L’association est sollicitée pour les premiers inventaires sur la rivière de Kaw, sur les berges de l’Approuague, le lac Pali, et une première mission dans la savane Angélique, l’une des dernières zones refuges et accessible uniquement par hélicoptère.

L’année 2000, c’est la deuxième année « tortues » : c’est la première équipe salariée, et les premiers bénévoles (dont une toujours à nos côtés en 2024 …). Plus de 1000 pontes de luths, 550 pontes d’olivâtres sont recensées. Le suivi se formalise, et il est collectivement décidé d’initier un long travail d’identification individuelle des tortues, qui va durer 18 ans. Ce sont aussi 33 nids braconnés, un chiffre que l’on n’imaginerait pas aujourd’hui ; 111 nids détruits par les chiens, des désorientions du fait des lumières,… Et juillet 2000, le début d’un projet phare, l’ouverture de l’écloserie naturelle, les tous premiers nids sont mis en sécurité dans une zone préservée, et une zone d’accueil attenante est construite sur la plage : près de 2000 personnes vont passer au carbet, où se fait l’essentiel le travail d’information, de sensibilisation. 28 000 personnes passeront à l’écloserie, jusqu’en 2008 !

2001 - La diversification des missions de terrain

Les inventaires des espèces forestières se multiplient cette année, avec une équipe qui s’étoffe doucement : des missions sont organisées sur la réserve naturelle de la Trinité, les forêts de Matiti et Balata à Montsinery, le massif de Lucifer Dekou Dékou. Le suivi des caïmans noirs s’installe également, avec un travail de comptage mis en place tous les mois sur la rivière de Kaw, et une nouvelle mission sur la savane Angélique.

Le projet « tortues » se structure également, avec un premier « animateur environnement », les premiers marquages des tortues, et l’installation de l’écloserie dans le paysage des plages de Rémire. Enfin, le Centre de soins se structure aussi, avec les premiers animaux recueillis, accidentés ou orphelins.

2002 - Écloserie, caïmans, loutres...

Sur les plages de Rémire, au sein de l’écloserie l’étude des taux de succès de nids les premières se renforce, les méthodes s’améliorent. Les animations à l’écloserie se poursuivent, les premières patrouilles de sensibilisation sur la plage sont mises en place. Mais l’année 2002 est aussi une année difficile : près de 30% de l’effectif de tortues olivâtres a été détruit (attaques par les chiens, destruction des nids, braconnage), En mer, déjà la pêche illégale sur l’Est de la Guyane en très nette augmentation, les témoignages des pêcheurs locaux à ce sujet ne sont pas rassurants, et les premiers échouages de tortues sont observés. Les premiers appels sont faits auprès de l’État, des forces de l’ordre… L’activité de « médiation » prend forme, elle deviendra au fil des années un axe majeur du programme tortues.

Sur la réserve de Kaw, le travail d’inventaires de caïmans se poursuit, et la fameuse émission « C’est pas sorcier » vient accompagner les missions.

Vous pouvez découvrir l’émission ici.

Face à la recrudescence de l’orpaillage illégal au début des années 2000, les loutres géantes attirent également l’attention de l’association, les rivières Wapou (réserve naturelle de Kaw), Orapu et Arataï (réserve naturelle de l’Aratai) sont les premiers sites sur lesquels les suivis se mettent en place, alors que sur les fleuves, les barges des orpailleurs se développent partout, encore en toute impunité.

2003 - Mission de terrain, réflexions sur le Parc National, la chasse, le premier plan d'action tortues...

L’année 2003 : en plus des missions de terrain, réflexions sur le Parc National, la chasse, le premier plan d’action tortues,

Sur les plages, le travail de suivi des tortues continue, avec une nouveauté : le début du marquage des tortues olivâtres, par bagues métalliques. Chez les luths, c’est déjà la quatrième année de marquage, qui commence à amener les premiers éléments sur les rythmes des saisons, le nombre de pontes… Le travail d’information du public se développe : plus de 5000 personnes sont accueillies à l’écloserie, et 2000 sont sensibilisées sur les plages. Et en 2003, ce sont déjà plus de 20 bénévoles impliqués !

Face à la problématique des chiens, un travail de fond a été effectué afin de solliciter la création d’une fourrière sur l’Ile de Cayenne. Suite à une pétition lancée en 2002, près de 400 signatures sont réunies en quelques semaines, et le 12 août 2003, un courrier du préfet de la Guyane nous informe qu’un projet de fourrière a été acté.

En parallèle, l’ensemble des acteurs « tortues », corédigent la première partie, dite « d’inventaire et de diagnostic », du futur Plan de Restauration des Tortues Marines, qui sera la première pierre du futur Plan national d’action, 10 ans plus tard.

En forêt, les inventaires de caïmans et la grande faune se poursuivent, avec le retour sur le site de Counami étudié depuis 1999, une nouvelle session faite sur la réserve de la Trinité. L’année 2003, ce sont aussi les travaux de l’ouverture de la route d’Apatou, et une étude faite au niveau de la crique Serpent, à la demande de la Région Guyane. Une première synthèse est publiée sur le lamantin, après deux ans d’enquêtes auprès des usagers, des pêcheurs…

Ce début des années 2000, c’est une structuration du réseau des acteurs de l’environnement qui se met en place, avec des initiatives qui ne feront pas toutes long feu … L’association contribue a créé le CESTAG, un collectif travaillant en recherche appliquée regroupant Kwata, Nancie Guyane, le WWF, la Sépanguy, le Gépog et Kulalasi. L’objectif était de mettre en commun moyens techniques, des compétences et de proposer une offre conjointe dans le domaine de la recherche et des sciences appliquées au service du développement durable en Amazonie.

Sous l’égide de la Préfecture, sont lancées en Guyane les « Orientations Régionales de Gestion de la Faune Sauvage et de ses Habitats ». Les ORGFH sont une démarche nationale sur la faune et les activités qui exercent une influence sur les espèces et la qualité de leurs habitats.
En Guyane, la chasse n’est pas encore réglementée : cette activité en sera l’un des thèmes centraux, aux côtés d’autres sujets comme l’élevage des espèces sauvages, les conflits d’usage entre les différentes communautés, le contrôle du commerce. Kwata participe aux groupes de travail.

Enfin, l’association est impliquée dans le comité de pilotage de la « Mission Parc », qui travaille à la préfiguration du Parc National.