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Lamantin (Trichechus manatus) © J.P Policard / © G. Feuillet / © Coralie Ecosur

Accéder aux fiches "Réglementation chasse en Guyane"






Il existe dans le monde 3 espèces de lamantins, la plus largement répandue étant celle présente dans la région des Guyanes. Les Lamantins ont toujours été source de mythes et de légendes, notamment celui des sirènes. Cet animal massif et discret a subi de fortes pressions de chasse, ce qui en fait à l’heure actuelle, une espèce considérée « vulnérable » à l’échelle mondiale par l’Union Mondiale pour la Nature. En Guyane le lamantin a récemment (2016 ? 2017 ?) été évalué « en danger » par la Liste Rouge Régionale des espèces menacées de Guyane.
Il y a, en Guyane, une grande méconnaissance du milieu marin, mais depuis le Grenelle de la mer en 2009, une politique d’étude et de conservation du milieu marin s’est développée avec notamment des efforts sur le lamantin.




Objectifs de l’étude

Une première campagne de travail par enquêtes auprès des usagers et professionnels de la mer et de prospections de terrain avait été réalisée entre 2000 et 2001. Ce travail avait permis d’acquérir des premières données sur la distribution du lamantin, les menaces et son importance socioculturelle.

Le travail mis en place en 2010 par l’association a pour objectifs :
- Reprendre et réactualiser les premières enquêtes effectuées il y a 10 ans.

- Tester de nouvelles méthodes d’inventaire permettant des estimations quantitatives sur la taille des populations.

- Reprendre la campagne de communication, avec la réédition d’une plaquette d’information.


Méthode

L’association a créé une base de données « lamantin » avec les observations en provenance d’un réseau important d’observateurs (particuliers, associations, agents de l’Etat…) : lieu et date d’observation, nombre d’individus, …

Le second volet de l’étude a été le test de méthode de comptage mise au point très récemment, utilisant des sonars latéraux. Ce type de matériel a été testé au Honduras et utilisé pour détecter les lamantins au Mexique et en Floride, à la fois en eaux claires et en eaux turbides. Elle doit permettre de détecter dans l’eau, en absence de visibilité directe, des masses assimilables à des lamantins. Sous réserve de confirmation visuelle, ce matériel peut constituer un outil fiable pour localiser les animaux, mais aussi pour estimer des abondances par une méthode assimilables aux transects linéaires : en parcourant un nombre établi et suffisant de kilomètres et en y rapportant le nombre d’observations, on en déduit un indice d’abondance (ex : une observation tous les 30 km), qui doit pouvoir servir de comparaison entre des zones différentes. En eaux turbides, cet outil pourrait alors constituer l’une des méthodes d’estimation des abondances de lamantins.


Premières conclusions

Concernant le recensement via l’enquête d’observation, les lamantins restent régulièrement vus en Guyane, et les interactions ont été moins fréquemment rapportées qu’en 2000. Mais des captures accidentelles ou intentionnelles sont encore possibles notamment dans l’estuaire de l’Oyapock.
L’espèce se distribue en particulier le long des zones rocheuses et dans les estuaires. Les lamantins semblent donc utiliser des milieux à phanérogames (plantes à graines et à fleurs), algues ainsi que les zones de mangrove qui doivent constituer des zones de nourrissage majoritaire.
L'utilisation d'un sonar, permettant de détecter dans l'eau, en absence de visibilité directe, des masses assimilables à des lamantins, a été mise en œuvre, et près de 1000km de fleuve ont été parcourus ce travail a permis d'identifier les zones préférentiellement utilisées. Mais ces approches ont apporté des informations globales, à l'échelle de la population.

Des informations comportementales restent nécessaires pour compléter ces connaissances et optimiser les programmes de conservation : quelles sont les zones de repos, d'alimentation ? Quels sont les déplacements individuels ? Quelle est la taille des domaines vitaux ?

Le projet rentrera début 2018 dans une nouvelle phase : le suivi "à distance" de quelques individus après capture, afin de mieux comprendre les modalités d'utilisation des habitats. Ce suivi se fera par l'intermédiaire de balises émettrices de type Argos©, qui donnent en temps réel la localisation des animaux ainsi équipés.
Les captures se feront avec le soutien d'une équipe brésilienne (INPA (Institut National de Recherches Amazoniennes) / FMA (Fondation Mammifères Aquatiques) très expérimentée dans ce domaine, et ayant déjà effectué plusieurs missions de reconnaissance en Guyane.
Les captures se feront avec des filets à larges mailles et de large diamètre de corde pour ne pas blaiser l'animal. Une fois capturé le lamantin sera immobilisé, amené le long de la berge, pour être manipulé dans des bonnes conditions. Des prélèvements biologiques seront réalisées (sang, tissu, salive, parasites, …), des mesures seront prises, et la balise posée par une ceinture attachée au pédoncule caudal. Pendant toute cette phase, l'animal sera surveillé (température, rythmes cardiaque et respiratoire) par un vétérinaire. Avec une équipe expérimentée, très bien organisée, toute l'opération ne devrait pas durer plus de 30 minutes. Puis dès le relâcher, l'activation de la balise permettra l'acquisition des premières données de géolocalisation, et le début d'une nouvelle aventure sur la connaissance des lamantins de Guyane …