JAGUARS
Le jaguar, le plus grand félin d'Amérique du Sud
Le jaguar est le plus grand félin sud américain, considéré par la Liste Rouge de l’Union Mondiale pour la Nature comme « quasi-menacé ». Après des décennies d’intenses commerces pour sa peau, les menaces principales sont dorénavant la conversion des milieux naturels en zones agricoles et d’élevage, la fragmentation des habitats et donc l’isolement des populations les unes des autres, la destruction directe des animaux du fait de interactions avec le bétail. Le braconnage, essentiellement à destination des marchés asiatiques, reste une menace importance.
L’aire de distribution du jaguar a ainsi été réduite de plus de 50% au cours du siècle dernier : il a disparu de l’Arizona, du Nouveau Mexique, du nord du Mexique, et au sud, d’Uruguay et des pampas d’Argentine. Les probabilités de survie des populations, là où elles persistent, ne sont pas cependant optimistes partout : plusieurs sont en danger critique, par exemple dans la forêt atlantique et le cerrado brésiliens, les grandes savanes du nord du Brésil, du Venezuela et du Guyana, le nord de l’Argentine, les forêts côtières du Venezuela, l’Amérique centrale. Le cœur de l’Amazonie reste aussi le cœur de l’habitat pour l’espèce.
Les grands prédateurs comme les jaguars ont des rôles écologiques majeurs dans les écosystèmes : ils régulent les populations d’espèces herbivores, limitant leurs impacts sur la végétation, et permettant ainsi le maintien d’une diversité forte dans les écosystèmes. Dans les zones sans grands prédateurs, la biodiversité diminue, et certains mammifères ont tendance à pulluler, déréglant les équilibres biologiques. Les jaguars sont ainsi sensibles non pas uniquement à des pressions directes et à la dégradation des habitats, mais sont aussi très fortement dépendants du bon état de santé des populations d’espèces qui constituent leurs proies, et sont donc inféodés à de grands territoires.
La région de l’Amapa et des Guyanes est considérée comme de priorité maximale pour la conservation du jaguar, du fait de la taille de la population et du bon état des habitats. En Guyane, les enjeux de la conservation sont à plusieurs niveaux : les interactions avec les animaux domestiques et le bétail, la fragmentation et la perte des continuités écologiques notamment dans le nord de la Guyane du fait du développement du territoire, la raréfaction de proies du fait d’une chasse parfois trop importante, et dans une moindre mesure, les collisions routières et le braconnage qui persiste.
Les jaguars ont fait l’objet d’études à partie de 2010, avec les premières estimations des densités qui avaient été menées sur la Montagne de Kaw, le massif forestier de Counami à Iracoubo, le massif forestier de la Montagne de Fer à Mana, et la réserve naturelle des Nouragues. Cette première étude avait montré des densités qui restaient importantes à Counami et Montagne de Fer ; suggérant qu’une exploitation forestière à faible impact, bien gérée, pouvait rester compatible avec la persistance de grands prédateurs et donc de leurs proies. Ces densités devraient être réévaluées dans les années qui viennent, ainsi que sur de nouvelles zones en Guyane. Plusieurs initiatives ont par ailleurs été lancées pour réduire les interactions avec le bétail, et le risque de destruction des individus. Plus largement, le jaguar peut servir, à l’échelle régionale, d’indicateur exigent pour un aménagement du territoire respectueux des enjeux de biodiversité à grande échelle.