Ecloserie Kawana
Écloserie Kawana
La tortue luth est considérée comme vulnérable à l’échelle mondiale, clairement en déclin. Cette a une dynamique de population cyclique, et un fonctionnement bien connu en “îlots de population” avec des phases successives de colonisation et d’abandon des sites de pontes, dynamique cyclique qui a compliqué l’évaluation des statuts. Toutefois, la situation depuis vingt ans a radicalement changé : tous les sites de ponte en Atlantique connaissent désormais des baisses drastiques, avec une baisse globale de l’ordre de 60 % des effectifs reproducteurs de l’espèce. Les causes sont multiples, à tous les stades de vie, à terre comme en mer, et à toutes les échelles : érosion littorale accélérée détruisant les nids, prédation canine détruisant œufs et émergences, braconnage des œufs et des adultes, changements globaux impactant l’abondance et la distribution des ressources alimentaires, captures accidentelles.
En Guyane, en dépit d’un plan de restauration (2007-2012), d’un plan national d’action (2014-2023), d’une réserve naturelle nationale, la situation des tortues luths en Guyane est devenue particulièrement critique. Dans l’ouest, les chiffres d’activité de ponte, sur l’une des populations les mieux étudiées au monde, sont alarmants, avec une perte de plus de 95 % des nids pondus depuis 20 ans. Sur une échelle de temps plus large, la décroissance est plus spectaculaire encore, avec des estimations de 12 000 à 18 000 femelles fréquentant tous les ans ces sites de ponte dans les années 70, à une vingtaine en 2022, une trentaine en 2023.
Le Plan National d’Action Tortues Marines en Guyane a démultiplié les moyens d’actions et coordonné les projets des différents acteurs de terrain, mais n’a pas enrayé toutes les menaces, ni tendances des deux dernières décennies. Dans l’ouest guyanais sur le territoire de la Réserve Naturelle Nationale de l’Amana (RNNA) créée notamment pour la préservation des tortues marines, les menaces sur les nids et les émergences sur la population de tortues luths, historiquement la plus grosse au monde, ne sont pas contrôlées. Chaque année, le cumul de la prédation canine, du braconnage et de l’érosion cause en moyenne la destruction 45-60 % des nids.
Face à ce constat, les acteurs du Plan National d’Action : OFB (coordonnateur), WWF, CNRS, association Kwata, et la Direction Générale des Territoires et de la Mer (DGTM) (pilote), réunis le 04 novembre 2022, ont unanimement proposé la mise en place d’une écloserie naturelle à Awala-Yalimapo. L’objectif est de préserver les désormais rares nids de tortues luths, afin de les soustraire aux menaces locales. Cela permettrait d’augmenter les taux de survie (essentiellement des œufs et potentiellement des émergences) et ainsi espérer augmenter les chances d’obtenir des adultes féconds, qui pourront à terme participer à la survie de l’espèce.
Inaugurée en 2023 par M. Berville, secrétaire d’Etat à la Mer, l’objectif de l’ecloserie Kawana est de contribuer à la sauvegarde de l’espèce et à la réappropriation des enjeux de conservation des luths. Les actions de sauvegarde consistent à soustraire les nids des principales menaces à terre : érosion, chiens, braconnage, pour augmenter les chances de survie des nids pondus à Awala.
L’écloserie doit servir de support pour des activités pédagogiques, activités de découverte et de sensibilisation.
« Cette initiative a aussi pour ambition de contribuer à une meilleure appropriation des enjeux et des actions mises en œuvre pour la préservation des tortues marines dans l’Ouest de la Guyane »