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© Thierry Montford

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Etude actuellement terminée.

Le caïman noir (Melanosuchus niger), autrefois très commun sur l'ensemble du bassin amazonien, a longtemps été classé par l'Union Mondiale pour la Nature comme une espèce "en danger" du fait d'une chasse intensive jusqu'au siècle dernier, et de la destruction de ses habitats. A l'heure actuelle, de grandes populations persistent au Pérou, en Bolivie, dans la région de Mamirauá au Brésil, en Equateur, et en Guyane. Le statut des autres populations, en Colombie, au Guyana, dans le nord du Brésil, n'a pas été encore bien étudié. Récemment, le statut de l'espèce a été revu de manière moins pessimiste, l'état de certaines populations s'améliorant de manière significative. Cependant, ce statut de l'espèce reste très dépendant du maintien de programmes de conservation efficaces à l'échelle de chacune des populations.


Objectifs de l'étude

Le caïman noir a été bien étudié en Guyane, notamment dans la région de la réserve naturelle de Kaw. En accord avec le plan de gestion de la réserve naturelle, les objectifs de l'étude en cours se sont déclinés selon plusieurs axes:

- évaluation du statut de la population, en confrontant notamment des abondances sur des zones intactes (savane Angélique), et des abondances sur les zones accessibles (rivière de Kaw, fleuve Approuague). Ces dernières zones ont été très chassées, et sont dorénavant encore perturbées par une activité touristique peu gérée et le maintien probable d'une pression de braconnage.
- identification d'éventuelles zones sensibles ou d'importance majeure pour l'espèce, comme les zones de de nidification, ...
- évaluation des facteurs naturels susceptibles de régir les variations de la distribution et des abondances de l'espèce dans les différentes zones de la réserve: milieu végétal, niveau d'eau, compétitions entre espèces,
- élaboration de recommandations pour une conservation optimale de l'espèce et des habitats.


Résultats

Après quatre années de travail, cette étude a montré qu'une population importante était encore présente sur la Réserve, du fait notamment de l'inaccessibilité des zones centrales de la réserve naturelle. Cependant, il semble que l'aire de distribution de l'espèce en Guyane ait diminuée au siècle dernier: le caïman noir était alors présent jusqu'au fleuve Mahury. Sur la rivière de Kaw et la zone avale du fleuve Approuague, la population a été certainement très affectée par les perturbations passées, notamment dans les zones périphériques dans lesquelles les abondances sont très faibles, et où les reproducteurs sont très peu nombreux.
Mais d'après les premières observations, le potentiel reproducteur devrait permettre de s'attendre à voir, à terme, une tendance à la restauration de la population. La diversité génétique de cette population a également été évaluée. Elle est plutôt forte, et pourra contribuer à la restauration des populations.

La gestion stricte du site sera cependant un préalable nécessaire. Toutes les activités humaines (fréquentation touristique, utilisation de la rivière pour la pêche et la chasse, modification des zones de berge pour les activités agricoles) susceptibles d'interagir ou de perturber une population qui est encore fragile doivent être encadrées. Enfin, une grande partie de l'aire de distribution reste complètement inconnue, dans toute la zone de savanes au nord-est de la Guyane, qui abrite vraisemblablement de très nombreux animaux, en relation possible avec les animaux de la réserve de Kaw et ceux du Parc national de Cabo Orange au Brésil. Toute cette région, difficile d'accès, va nécessiter un effort d'inventaire important.