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Observatoire des Salines de Montjoly, fleur d'arbre à boulet de canon, et marmosa © Association Kwata, A. Baglan





Les Salines de Montjoly constituent la zone humide la plus remarquable de l’Ile de Cayenne. Cette zone humide se situe dans un environnement fortement urbanisé. Malgré la proximité des habitations, elle présente une végétation particulièrement dense et constitue un site d’accueil privilégié pour l’avifaune

Habitats patrimoniaux
Les inventaires botaniques réalisés en 2006 par l’ONF ont pu mettre en évidence 3 types d’habitats patrimoniaux.
Le statut d’habitats patrimoniaux n’a aucun statut légal. Il s’agit d’espaces que les scientifiques et les conservateurs estiment comme ayant une importance écologique et/ou culturelle et représentatifs du patrimoine naturel de la Guyane.

- Groupements herbacés pionniers à Ipomea pescaprae et Canavalia maritima.

Cette végétation rampante, qui forme parfois des tapis denses, est importante car elle assure la fixation du cordon sableux.

- Groupements côtiers à Cactus cierge (Cereus hexagonus).

En arrière de la plage, on observe une végétation intermédiaire entre groupement herbacé et formations marécageuses. Cette végétation est caractérisée par un aspect très dense parfois impénétrable. Dans ce milieu très sec, de nombreuses plantes sont épineuses ou urticantes.

- Marais sublittoraux et saumâtres à Eleocharis mutata.
Ce sont des zones d’eau libre plus ou moins densément couvertes de végétation herbacée.


Espèces remarquables
Ce sont ainsi, en plus des habitats patrimoniaux répertoriés, 17 groupements végétaux, 2 espèces de plantes rares et patrimoniales et pas moins de 164 espèces végétales qui ont été inventoriées sur le site des Salines de Montjoly. De même, on a pu recenser 52 espèces animales patrimoniales ou soumises à réglementation parmi les 173 espèces de mammifères, oiseaux, poissons, insectes, reptiles et amphibiens recensés.

Espèces végétales
Les Salines de Montjoly disposent d’une grande diversité sur le plan floristique. On note en particulier la présence de 2 espèces rares et protégées ainsi que la présence de plusieurs espèces remarquables.

- Le Cactus cierge (Cereus hexagonus) protégé par l’arrêté ministériel du 9 avril 2001, est un cactus pouvant atteindre 10m de haut. Sa répartition à l’échelle du continent est assez vaste (du Vénézuela au Brésil en passant par les Antilles) mais se présence en Guyane à l’état « sauvage » est confinée à quelques stations côtières (Ile de Cayenne, Kourou et Awala-Yalimapo) dans des zones souvent urbanisées. Sur le site des Salines, milieu pourtant favorable à son développement, on déplore que sa présence ne soit qu’anecdotique avec seulement 4 individus, du fait notamment que la population soit exposée aux feux d’origine humaine et aux prélèvements de portions de tiges.

- Le Crudia tomentosa que l’on retrouve en zone de fourrés sur sable est très localisé en Guyane (presque uniquement récoltée sur la plage de Montjoly) et sa distribution au niveau du continent est restreinte et mal connue (quelques récoltes au Pérou et au Guyana).

Ipomea mauritiana, relativement commune sur le cordon sableux des Salines, est une Ipomée peu courante sur le littoral guyanais (on la retrouve abondamment sur la plage d’Awala-Yalimapo).

On peut noter au niveau du cordon dunaire, la présence d’un petit arbuste Dodonaea viscosa, très caractéristique et relativement peu commun sur le littoral (autres points d’observation : chenier de l’embouchure de la Malmanoury, plage des Hattes et sur les Salines de Montjoly).

Il faut relever également la présence d’une espèce typique de forêt primaire de l’intérieur, le Balata franc (Manilkara bidentata) qui forme une poche mono-spécifique et dont la régénération est abondante. C’est une espèce héliophile* tolérante ce qui explique sans doute son maintien sur les Salines. Sa présence est peut être relictuelle de grandes forêts primaires reliées anciennement à la côte, ou elle a pu être apportée par les oiseaux.

L’arbre à boulets de canon (Couroupita guianensis), même s’il est relativement bien distribué en Guyane, est relativement marquant par ses fruits volumineux qui poussent à même le tronc (cauliflorie) et ses fleurs aux couleurs vivent. Sa présence sur le site renforce l’originalité du site.


Espèces animales
Bien que de taille modeste, les Salines de Montjoly offrent une variété d’habitats qui entretient une faune d’autant plus riche qu’il existe des échanges avec les milieux voisins, notamment avec le Mont Bourda et la colline de Montravel.

Avec sa partie de plage sableuse, le site constitue l’un des lieus majeur pour l’accueil des pontes des tortues marines en particulier la tortue luth (Dermochelys coriacea), la tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea) et la tortue verte (Chelonia mydas). Ces trois espèces sont intégralement protégées (Arrêté du 25 octobre 2005) et bénéficient d’un suivi régulier de ses populations depuis plus de 10 ans.
La présence de Caïman à lunette (Caiman crocodilus) dans le plan d’eau des Salines, emmène un intérêt certain au-delà de la zone de plage.

Il faut également souligner le rôle que joue cet espace pour l’accueil des oiseaux migrateurs (15 espèces migratrices), en particulier les limicoles qui utilisent les Salines comme halte migratoire lors de leur traversé du continent (ONF, GEPOG, 2006). Dans un second temps, les passereaux, canards et rapaces qui vont autant que possible s’attarder et utiliser ce site, en en faisant si les conditions sont optimales, leur lieu d’hivernage.

La particularité remarquable des Salines de Montjoly réside dans la présence d’un plan d’eau douce qui joue un rôle d’aimant pour de nombreuses espèces notamment au niveau de l’avifaune. On notera ainsi, la présence de 3 espèces remarquables, l’Ibis rouge (Eudocimus ruber) qui semblait relativement commun il y a quelques années sur le site avant la hausse de fréquentation et qui à l’heure actuelle se fait plus rare.

A noter la présence de deux espèces de canards, le canard musqué (Cairina moschata) et la sarcelle à ailes bleues (Anas discors). La présence de lacs et retenues d’eau douce sur le littoral est rare, notamment dans l’Est.
On notera aussi que les Salines accueillent 17 espèces protégées sur 97 espèces recensées sur le site (ONF, GEPOG, 2006)

Bien qu’il y ait 20 espèces de mammifères sur les Salines, ces dernières sont plutôt discrètes. 9 espèces de chauves-souris ont été recensées sur le site dont Eptesicus furinalis inscrite en annexe II de la convention de Bonn. On notera aussi la présence de 6 espèces de micromammifères.
L’espèce la plus remarquable du site est sans conteste la loutre géante (Pteronura brasiliensis) que l’on peut observer au niveau de l’observatoire. Un seul individu est présent sur le site (identification grâce à sa tache blanche au niveau du coup), sa présence est très certainement accidentelle.


* Héliophile : Qualifie un organisme tel qu'une plante appréciant les situations bien ensoleillées.