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Observatoire des Salines de Montjoly © Association Kwata


Télécharger l'Arrêté municipal portant réglementation de l'accès au site des Salines de Montjoly Télécharger ici




Après 18 ans d’expérience dans l’étude et la protection de la faune guyanaise, l’association Kwata a choisi d’orienter une part de ces actions dans la gestion d’un site naturel urbain, les Salines de Rémire-Montjoly. En effet ce site est exceptionnel, tant par sa situation géographique (entre zone urbaine et littoral) que par sa richesse animale et végétale qui attire un public varié (naturalistes, sportifs, scolaires, familial, …). Ce marais littoral qui, bien qu’enserré dans un quartier pavillonnaire, n’en conserve pas moins un intérêt paysager et environnemental tout à fait remarquable dans un environnement urbain, qu’il convient de protéger face aux menaces exercées contre lui.


Un site au paysage bien particulier


Le site des Salines se situe sur la commune de Rémire-Montjoly. Il constitue un écosystème lacustre dans un environnement urbain, de 63ha, remarquable du fait des différents faciès qu’il comprend. L’ensemble de ces facies s’organisent parallèlement à la mer :

- La plage : La Guyane se caractérise par son littoral soumis à une forte dynamique à la fois marine et terrestre. En effet, les bancs vaseux générés par l’Amazone se déplacent le long du littoral entrainant l’apparition et la disparition cyclique de plages de sable et la modification permanente de leur contour. Cette dynamique influe directement sur le comportement des tortues marines et conditionne la structuration spatiale de l’activité de nidification le long du littoral.

- Le cordon dunaire : Ce cordon colonisé par une végétation psammophile (organisme vivant sur ou dans des substrats sableux) et arborée se trouve isolé du rivage par une surface intertidale (zone entre la marée la plus haute et la marée la plus basse) de boue.

- Zone humide : Il s’agit d’une dépression qui s’est remplie avec des matériaux vaseux issus d’apports de sédiments fins du bassin versant et de la dégradation de la végétation. On observe plusieurs types de végétation sur la zone humide :
o Zone d’eau libre à hydrophytes (plante qui croît dans un milieu aquatique ou humide).
o Formation de mangrove (comprenant les 3 espèces de palétuviers).

Du fait de la faible hauteur du site, l’eau de mer peut rentrer dans les Salines pendant les périodes de pleine mer. C’est le point le plus bas du cordon dunaire qui conditionne les échanges entre la mer et les Salines.

- Arrière littoral fortement urbanisé : la plus grande partie des terrains du bassin versant a été urbanisés au cours des vingt dernières années. Il s’agit d’une urbanisation principalement pavillonnaire continue qui a progressé le long de la route de Montjoly (RD1), puis perpendiculairement à cette route sous forme de lotissements.






Une histoire liée à son aménagement

Le nom « Salines » est certainement récent. Il est très certainement dû aux dépôts naturels de sels qui se forment sur le sol asséché après les périodes d’inondation par l’eau de mer. Peu d’informations existent sur l’évolution naturelle du site. Les connaissances historiques sont principalement liées aux aménagements hydrauliques réalisés pour contrôler les écoulements d’eau.

- 1939 : Construction du Canal de Montravel, par les Jésuites, pour mettre en relation les Salines avec la mer. Ce qui permettait surement un drainage de la zone.

- 1957 : Premiers aménagements alentours avec un début d’urbanisation. La végétation naturelle est présente sur tout le bassin versant.

- 1976 : Première ouverture artificielle du cordon dunaire par la commune pour éviter l’inondation de maisons en période de fortes précipitations. Cette ouverture a vidangé totalement les Salines ce qui a eu de fortes incidences sur le milieu : présence d’eau stagnante, prolifération de moustiques, modification de la végétation au profit de la savane, disparition des certaines espèces de poissons,…

- 1979 : Paysage ouvert de savane, et plage très étroite.

- 1981 : Délimitation du Domaine Public Lacustre et premières acquisitions par le Conservatoire du Littoral. Ce qui constitue les premières formes de protection du site des Salines en tant que milieu naturel remarquable.
Etude et creusement de canaux pour l’écoulement des eaux pluviales. Le principal ouvrage a été le creusement du canal de Montravel. Un ouvrage avec clapets anti-retour (barrage antisel) a été installé au niveau du débouché du canal. L’ouvrage a peu fonctionné en raison du manque d’entretien du canal et de l’ouvrage.

- 1987 : Poursuite de l’urbanisation : près de 200 habitations aux abords des Salines.

- 1992 : Creusement d’un réseau hydraulique à l’intérieur des Salines. Il est constitué d’un réseau de fossés de 3m de large et 1m de profondeur sur 3000m de linéaire. Ces canaux compartimentent ainsi la zone humide. Le site constitue alors une zone refuge pour les poissons.

Ainsi ces cinquante dernières années ont été marquées par une forte action de l’homme sur la zone : urbanisation, création d’ouvrages hydrauliques, défrichage, re-végétalisation, …

- 2000 : 1er Plan de Gestion des Salines de Montjoly par BRL ingénierie (Compagnie du Bas-Rhône Languedoc) et l’IRD (l’Institut de Recherche pour le Développement).

- 2006 : Etude de l’état écologique initial par Sylvétude (ONF).

- 2012 : Prise en gestion du site par l’association Kwata et préparation du second plan de gestion.


Une dynamique côtière et un fonctionnement hydraulique particulier

Le fonctionnement hydraulique du marais est étroitement dépendant du cordon sableux, qui lui, est très sensible aux phénomènes d’érosion ou d’accumulation marine.

Les Contre-Courant Equatorial Nord (NECC) alimentés par les eaux amazoniennes sont très important dans la dynamique littorale car ils sont responsables de la mobilité des énormes bancs de vases qui se déplacent progressivement devant la côte de Cayenne. Ces bancs, peuvent aussi se rattacher à la côte pour ensuite être démantelés par la houle et les courants, entraînant ainsi des alternances d’envasement et de désenvasement des côtes. Ce phénomène se solde par une dynamique de sédimentation et d’érosion dont les répercussions pèsent sur la morphologie du trait de côte, l’écologie côtière, mais aussi les activités humaines.

Un aspect frappant du comportement hydrologique du marais est sa tendance à subir des changements marqués de salinité qui se répercutent sur l’écologie. La chasse de cette eau de mer correspond généralement à des entrées importantes d’eau douce en amont liées aux abondantes précipitations pendant la saison des pluies.
Les Salines de Rémire –Montjoly sont principalement alimentées de façon temporaire par les fossés et ruisseaux qui drainent le bassin versant, ainsi que par des échanges avec les eaux de nappes superficielles. Les pertes quant à elles sont généralement dues aux infiltrations sous le cordon dunaire, à l’évaporation au niveau des plans d’eau ainsi que l’écoulement du chenal vers la mer à marée basse.

Le fonctionnement hydraulique des Salines est soumis à l’ouverture ou à la fermeture de l’exutoire naturel, à son état d’entretien, mais également à une infiltration et une circulation d’eau sous le cordon dunaire.

Ces deux dernières décennies, le débit entrant d’eau douce au sein des Salines s’est accru du fait de l’urbanisation qui a vraisemblablement entraîné une augmentation des surfaces imperméables et un ruissellement plus important. Aussi, les grands fossés qui alimentent les Salines sont généralement envahis par la végétation. L’encombrement de ces fossés a pour effet de ralentir l’écoulement des eaux, entraînant la montée des eaux dans certains lotissements notamment à l’occasion de fortes pluies en saison humide. Par contre, en saison sèche, les eaux deviennent saumâtres, voir hypersalines. Les pertes d’eau peuvent ainsi conduire à un assèchement complet en fin de saison sèche, s’accompagnant de prolifération de moustiques et de dégagement d’odeurs nauséabondes. Dans l’urgence, l’ouverture artificielle mécanisée est pratiquée par la commune, au niveau de l’exutoire naturelle pour permettre l’évacuation des eaux douces en période de fortes pluies et une éventuelle réalimentation en eau par la mer à l’occasion des marées de vive eau en saison sèche.