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Luth échouée sur la plage de Zéphir © J. Ever




Le milieu marin de Guyane présente des populations de mammifères marins et de tortues marines encore peu connues mais abondantes et diversifiées. Cependant, les menaces qui pèsent sur ces animaux sont de plus en plus nombreuses (captures accidentelles, pollution de l’eau, recherches pétrolières,…). Voilà pourquoi une dizaine de structures guyanaises, en partenariat avec la DEAL de Guyane, ont créé en 2014 le REG, le Réseau des Échouages de Guyane. Le REG est une émanation régionale du Réseau National Échouage (RNE), animé par l’Observatoire PELAGIS. Nous vous en disons un peu plus sur le Réseau National, ses missions et sa structuration à l’échelle régionale.



Les observatoires environnementaux se multiplient pour fournir à la société des mesures de l’état de conservation de la biodiversité, de la qualité des milieux naturels et des effets des activités humaines. Les mammifères marins, par leur position trophique, sont souvent considérés comme des espèces sentinelles de la qualité de l’environnement marin (côtier et océanique).
La France héberge dans sa Zone Economique Exclusive (ZEE) environ la moitié de la biodiversité mondiale de mammifères marins, ce qui place au premier plan sa responsabilité en matière de connaissance et de conservation de ces espèces. Aujourd’hui il s’agit de concilier le maintien d’espèces protégées dans des écosystèmes exploités, dans le cadre du développement durable des activités humaines en mer. Ces activités ayant une importance socio-économique grandissante, l’intégration d’objectifs de conservation de l’environnement dans leur gestion requiert des connaissances scientifiques toujours plus solides. Cette base scientifique doit permettre d’évaluer les états de conservation des populations et des habitats, d’identifier les processus par lesquels des interactions peuvent se développer avec des activités humaines et aussi de prédire les effets des différentes stratégies de gestions envisagées dans le but de formuler des recommandations.


Le Réseau Échouage un réseau national
Le RNE, Réseau National d’Échouages, a été mis en place en 1972, il est constitué de correspondants locaux qui se tiennent prêts à intervenir lors d’un échouage de mammifère marin. Les membres de ce réseau peuvent être des associations, des organismes d’état, des collectivités ou encore des particuliers bénévoles. Ce sont au total 26 départements métropolitains et 7 régions outre-mer dont la Guyane, répartis sur toute la façade maritime française qui sont impliqués. Le réseau est coordonné par l’Observatoire PELAGI, UMS 3462, Université de la Rochelle – CNRS, sous la tutelle du Ministère chargé de l’Environnement.


Le rôle de l’observatoire PELAGIS
L’observatoire PELAGIS assure la coordination scientifique et administrative ainsi que l’animation du Réseau National Échouages (RNE). Il mandate les correspondants du RNE en leur délivrant une autorisation d’activité portant sur les mammifères marins, la Carte Verte. Il établit, actualise et diffuse des protocoles standardisés ; il organise la formation des correspondants, assure la traçabilité des données, des prélèvements et des analyses (base de données et banque de tissus et d’organes). Il produit les synthèses annuelles, rend compte du traitement des données et produit les expertises pour le compte des administrations concernées.




Le rôle du réseau en cas d’échouage


Les échouages de mammifères marins permettent d’obtenir des données biologiques difficiles à acquérir par d’autres moyens. Ces données renseignent sur l’état des populations et leur environnement, permettant ainsi de mieux connaître ces espèces.
En métropole, dès qu’un mammifère marin ou une tortue marine est signalé échoué l’information doit être transmise à l’observatoire PELAGIS qui se charge de prévenir au plus vite un des correspondants du Réseau
National Échouage habilité à intervenir pour examiner l’animal. En Guyane, l’information est transmise à l’un des membres du réseau (Numéros d’Alerte : Réserve de l’Amana dans l’ouest, l’association Kwata dans l’est) qui se chargera de transmettre l’information afin qu’un des membres habilités intervienne.
Ainsi chaque cas est traité sur le terrain par un correspondant et en concertation avec les acteurs locaux. Il collecte les données scientifiques et les transmet à l’observatoire PELAGIS.


Quelles sont les données récoltées ? À quoi servent-elles ?
Toutes les informations figurent sur une Fiche échouage remplie par le correspondant du RNE. Les informations de base comme l’espèce, le sexe, la taille, l’état de l’animal, la date et le lieu sont systématiquement notées. D’autres paramètres moins évidents comme ceux révélant des indices sur les causes de la mort et l’état d’embonpoint peuvent également être notés. Toutes ces informations sont enregistrées et classées soigneusement à l’observatoire PELAGIS afin d’en obtenir une série de données de qualité comparable sur le long terme.
Ceci constitue le noyau central des informations relatives aux échouages permettant ainsi de suivre et d’évaluer les tendances et les évènements qui affectent les populations de mammifères marins d’une année sur l’autre.
Chaque année ces informations sont compilées et traitées dans la Synthèse annuelle des échouages sur le littoral français, remise au Ministère chargé de l’Environnement et à l’ensemble des correspondants du RNE.
En fonction de l’état de décomposition du mammifère marin échoué, une dissection rigoureuse suivant un protocole standard peut être réalisée. Ceci consiste à collecter des échantillons d’organes et de tissus permettant de suivre l’état sanitaire (pathologies, contaminants), d’étudier les paramètres démographiques (âge et état reproducteur) et écologiques (régime alimentaire) des populations concernées.
Ces dissections sont réalisées par des personnes faisant parties du réseau et possédant la Carte Verte pour les mammifères marins ou une dérogation particulière pour les tortues marines.

Tous les résultats sont mis en relation entre eux. On obtient alors de nombreuses informations sur l’état sanitaire et écologique des animaux échoués. En ayant une connaissance assez précise de la nature des échouages, il est possible de transposer ces résultats à une plus large échelle et d’obtenir des éléments précieux sur l’état des populations vivant aux larges de nos côtes.





Le Réseau des Echouage de Guyane
En Guyane, le réseau en tant que tel est tout jeune, bien que le travail de suivi des échouages se soit fait pendant des années par les acteurs de terrain, mais sans réelle coordination avec le Réseau national. Sa mise en place a commencé en 2013 sous l’impulsion de la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL). Il a été fondé par une dizaine de structures déjà impliquées dans l’étude et/ou la protection de l’environnement: les Réserves Naturelles de l’Ile du Grand-Connétable et de l’Amana, le Réseau Tortues Marines, l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), l’association Kwata, le WWF, l’association Megaptera, l’association OSL (Ocean Science & Logistic), l’association SOS Faune Sauvage et le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique). La Réserve de l’Amana et l’association Kwata sont en charge de réceptionner les alertes d’échouages de mammifères marins et de tortues marines.
Le REG est maintenant le correspondant officiel du Réseau National Echouage pour la Guyane.
En octobre dernier, l’ensemble des membres du REG a suivi la formation Carte Verte afin de pouvoir intervenir de manière adaptée sur l’ensemble des échouages de mammifères marins en Guyane et d’être en mesure de réaliser les prélèvements adéquats, et d’être en accord avec les exigences réglementaires nationales.

Le REG est une initiative financée par la DEAL de Guyane







Le REG a été fondé par